Les créations d'emploi ont rebondi en août aux Etats-Unis et les salaires y ont enregistré leur plus forte croissance annuelle depuis neuf ans, des évolutions qui incitent à conclure que l'économie américaine reste dynamique et résiste aux tensions commerciales générées par l'administration Trump. Le rapport mensuel sur l'emploi publié vendredi par le département du Travail montre aussi que la sous-utilisation des capacités sur le marché américain du travail diminue rapidement. Tous ces éléments confortent le scénario d'une nouvelle hausse de taux, la troisième de l'année, de la part de la Réserve fédérale à l'issue de la prochaine réunion de son comité de politique monétaire, les 25 et 26 septembre. Les contrats à terme sur les taux d'intérêt américains indiquent que pour le marché, ce relèvement est une certitude. Les traders croient en outre de plus en plus à une hausse de taux supplémentaire en décembre, et à deux autres l'an prochain, alors qu'ils misaient plutôt sur une seule jusqu'à présent, montre ce marché des "futures". "L'économie connaît une poussée d'adrénaline", dit Ryan Sweet, économiste chez Moody's Analytics. "Etant donné l'ampleur du soutien budgétaire dont bénéficie l'économie, il va en falloir beaucoup pour la faire redescendre." Les créations d'emploi non-agricoles se sont élevées à 201.000 le mois dernier, soutenues notamment par les embauches dans le bâtiment, chez les grossistes et dans les services aux entreprises, a annoncé le département du Travail. Les secteurs du transport et de la santé ont aussi été créateurs d'emplois. Les créations mensuelles d'emploi ont été en moyenne de 185.000 au cours des trois derniers mois, alors que l'économie américaine a besoin de créer 120.000 emplois par mois pour absorber les nouveaux entrants dans la population en âge de travailler. Le salaire horaire moyen a progressé de 0,4%, soit 10 cents, en août après une hausse de 0,3% en juillet. Cela porte sa progression annuelle à 2,9% le mois dernier, la plus forte depuis juin 2009. Elle avait été de 2,7% en juillet. Le taux de chômage est resté stable à 3,9%.
Les tensions commerciales restent une menace Une mesure plus large du taux de chômage qui inclut les personnes souhaitant travailler mais ayant renoncé à chercher un emploi et celles en temps partiel subi a baissé d'un dixième de point à 7,4%, au plus bas depuis avril 2001. Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à 191.000 créations d'emploi le mois dernier, à un taux de chômage de 3,8% et à une croissance du salaire horaire de 2,7% sur un an. Les créations d'emploi cumulées de juin et juillet ont été revues en baisse de 50.000. Le dollar et les rendements des emprunts d'Etat américains ont grimpé après la publication de ces statistiques, tandis que Wall Street a ouvert dans le rouge. [.NFR] Pour certains économistes, les baisses d'impôts massives votées en décembre à l'initiative de Donald Trump et sa politique d'augmentation de la dépense publique permettent à l'économie américaine de surmonter les tensions commerciales provoquées par le président américain. Ils relèvent cependant que les droits de douane imposés jusqu'à présent ne concernent qu'une petite partie de l'économie américaine mais que la situation pourrait se dégrader si Donald Trump taxait davantage d'importations en provenance de Chine, une menace toujours brandie par la Maison blanche. Seul point noir dans le rapport publié vendredi par le département du Travail: le taux de participation au marché du travail, qui rapporte le nombre de personnes en emploi ou à la recherche d'un emploi à la population active totale, a baissé de deux dixièmes de point, à 62,7%.
Baisse des commandes à l'industrie Les commandes à l'industrie américaine ont reculé plus que prévu en juillet, pénalisées notamment par l'aéronautique, mais des signes d'accélération des dépenses des entreprises donnent à penser que le secteur manufacturier reste dynamique. Les commandes à l'industrie ont baissé de 0,8% en juillet, a annoncé jeudi le département du Commerce. La statistique de juin a été révisée en baisse d'un dixième de point, à +0,6%. Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à une contraction de 0,6% des commandes à l'industrie en juillet. Sur un an, elles affichent une progression de 8,3%. Malgré la baisse des commandes en juillet, le secteur manufacturier, qui représente environ 12% de l'économie américaine, demeure robuste. L'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) publiée mardi a montré que l'activité manufacturière aux Etats-Unis s'était accélérée le mois dernier, à son plus haut niveau depuis mai 2004. L'aggravation des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine pourrait cependant peser sur la confiance des entreprises et les amener à réduire leurs investissements. La pénurie croissante de travailleurs et la vigueur du dollar commencent également à produire des tensions sur la chaîne de production. Les commandes d'équipements de transport ont reculé de 5,2% en juillet, sous le coup notamment d'un plongeon de 35,4% des commandes d'aéronautique civil et de pièces détachées, particulièrement volatiles. Les commandes d'avions militaires et leurs pièces détachées ont, elles, chuté de 34,4%. En juin, les commandes dans le secteur des transports avaient crû de 2,0%. Les commandes automobiles ont augmenté de 1,3% en juillet. Les commandes de machines, de métaux de base, d'ordinateurs et de produits électroniques ont également progressé. Les commandes de biens d'équipement civils hors aéronautique, considérées comme un bon étalon des projets d'investissement des entreprises, ont augmenté de 1,6% en juillet après une hausse de 0,8% en juin. Les livraisons de ce type de biens d'équipement, qui entrent dans le calcul de la composante de l'investissement productif du produit intérieur brut (PIB), ont progressé de 1,0%, au même rythme qu'en juin. Les dépenses en équipement des entreprises ont ralenti au deuxième trimestre, après avoir fortement progressé à partir du premier trimestre 2017.