Les Bourses européennes ont toutes terminé dans le rouge jeudi, après deux jours de fermeture pour Noël, plombées par le décrochage à l'ouverture de Wall Street qui fait le yo-yo depuis le début de la semaine. "Comme la Bourse de New York n'a pas réussi à tenir jeudi, le marché a renoué avec sa tendance naturelle, à savoir la baisse, car il anticipe un mauvais scénario macroéconomique pour l'an prochain", explique Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant bleu gestion. "Les investisseurs prennent leurs profits et se tournent vers les valeurs refuge", ajoute Naeem Aslam, analyste de Think Markets. Après avoir signé mercredi sa meilleure séance depuis 2009, la Bourse de New York a ouvert nettement dans le rouge jeudi. Et à mi-séance, les indices restaient bien ancrés en territoire négatif: vers 17H30 GMT, le Dow Jones Industrial Average reculait de 1,89% à 22.446,00 points, le Nasdaq de 2,43% à 6.394,95 points et l'indice élargi S&P 500 de 1,94% à 2.419,95 points.
L'Eurostoxx 50 a perdu 1,22% À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,60% à 4.598,61 points, son plus bas niveau depuis début décembre 2016. La plupart des titres ont fini dans le rouge, en particulier dans le secteur automobile à l'image de Valeo (-5,20% à 23,87 euros) Renault (-2,22% à 53,68 euros) ou Michelin (-2,53% à 83,22 euros). Parmi les rares gagnants du jour, Vinci a grappillé 0,20% à 70,64 euros alors que sa filiale Vinci Airports va devenir l'actionnaire majoritaire de l'aéroport londonien de Gatwick pour 3,22 milliards d'euros. À Francfort, le Dax a particulièrement souffert, finissant en baisse de 2,37% à 10.288,82 points, son plus bas depuis deux ans, et franchissant la barre symbolique des 20% de pertes annuelles. Là encore, l'automobile a essuyé de grosses pertes: Volkswagen a décroché de 4,09% à 137,44 euros, Daimler de 3,30% à 45,27 euros et BMW de 2,88% à 69,86 euros. Merck n'a pas fait mieux, cédant 4,46% à 89,20 euros après l'annonce de l'arrêt des tests sur le Bavencio, un traitement contre le cancer de l'ovaire. A Londres, l'indice FTSE-100 a achevé la journée en forte baisse de 1,50% à 6.585,91 points. Les valeurs minières comme BHP (-1,59% à 1.611,40 pence) et Rio Tinto (-1,67% à 3.712 pence) ont perdu du terrain tout comme BP (-2,62% à 485,85 pence). Les producteurs d'or ont profité du statut de valeur refuge du métal précieux: Fresnillo a grimpé de 3,86% à 867,20 pence et Randgold de 6,43% à 6.660 pence. La Bourse de Milan a perdu 1,81% à 18.065 points. Amplifion, qui faisait son entrée dans l'indice ce jeudi, a réalisé la meilleure performance avec un bond de 3,20% à 13,85 euros, tandis que le club de football de la Juventus, lui aussi tout juste intégré, a gagné 1,14% à 1,092 euro. C'est en revanche un autre fleuron de la famille Agnelli, Fiat Chrysler Automobiles, qui a fermé la marche avec une baisse de 3,86% à 12,618 euros. L'indice vedette de la Bourse de Madrid, l'Ibex 35, a lâché 1,38% à 8.363,90 points. Le secteur de l'énergie a été le plus touché, le groupe Endesa cédant par exemple 4% à 20,42 euros. L'indice PSI 20 de la Bourse de Lisbonne a lâché 1,14% à 4.587,45 points. La meilleure performance du jour est à mettre au crédit de Semapa (+1,89% à 12,96 euros) tandis qu'à l'inverse Pharol fermait la marche (-3,36% à 0,17 euro). La Bourse suisse a dévissé jeudi, l'indice vedette SMI, est tombé à 8.195,64 points, en baisse de 2,63%, et tous les titres ont fini dans le rouge. La banque suisse Julius Baer, spécialiste de la gestion de fortune, a terminé dernière du classement, en repli de 3,87% à 33,80 francs suisses. Le géant de l'alimentation Nestlé, principal poids lourd de la cote, était également en nette baisse, perdant 3,78% à 78,30 francs suisses. L'indice AEX des principales valeurs de la Bourse d'Amsterdam a fini en baisse de 0,48% à 476,03 points. A la baisse, le groupe de médias Altice Europe a chuté de 4,32% à 1,61 euros. A la hausse, le spécialiste de l'éclairage Signify (ex-Philips Lighting) a gagné 2,27% à 19,86 euros. Enfin, l'indice Bel 20 de la Bourse de Bruxelles n'a pas fait mieux que les autres, en repli de 1,40% à 3.164,98 points. La société de biotechnologie Argx a gagné 0,50% à 81,10 euros tandis que la plus forte baisse était pour GLPG (-3,05% à 76,60 euros).
Wall Street profite d'un nouveau retournement spectaculaire La Bourse de New York, sur des montagnes russes depuis le début de la semaine, a de nouveau été le théâtre d'un retournement spectaculaire jeudi en toute fin de séance lui permettant de finir dans le vert après un début de journée compliqué. Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a terminé en hausse de 1,14% à 23.138,82 points, tandis que le Nasdaq, à forte coloration technologique, a gagné 0,38% à 6.579,49 points et l'indice élargi S&P 500 s'est apprécié de 0,86% à 2.488,83 points. Les indices s'affichaient pourtant en nette baisse plus tôt dans la journée, le Nasdaq abandonnant jusqu'à 3,3% une heure et demi environ avant la clôture. Cette volte-face n'était a priori pas liée à un événement particulier mais la place new-yorkaise est depuis plusieurs semaines en proie à une forte volatilité, renforcée pendant la trêve des confiseurs par l'absence de nombreux traders dans les salles de marchés. Le moindre mouvement, à la hausse comme à la baisse, prend alors plus d'ampleur. Le rebond des indices boursiers a coïncidé avec le début d'une reprise sur le marché du pétrole, a observé Peter Cardillo de Spartan Capital Securities. Même si ce facteur n'est pas le principal contributeur, le sursaut de la place new-yorkaise apparaît en tout cas comme un signe positif selon lui "car cela signifie peut-être qu'on a atteint un plancher".
Intense fébrilité Entre la crainte de voir la banque centrale américaine (Fed) relever trop brutalement les taux d'intérêt, la paralysie partielle des administrations à Washington, les décisions et prises de parole intempestives de Donald Trump, les tensions commerciales avec la Chine et le ralentissement de l'économie mondiale, les indices de Wall Street sont en effet mis à rude épreuve ces derniers temps. Ils ont encaissé la semaine dernière leur pire chute hebdomadaire depuis 2008 et le S&P 500, l'indice considéré par les investisseurs comme le plus représentatif, était encore lundi tout près de basculer dans ce qui est symboliquement appelé un "marché déprimé", quand un indice chute de plus de 20% en peu de temps. Mais ils ont aussi enregistré mercredi leur meilleure séance depuis 2009. Cette intense fébrilité s'observe aussi sur le marché de l'or noir, le baril de pétrole new-yorkais ayant plongé lundi de 6,7% avant d'enregistrer mercredi sa meilleure séance en deux ans en bondissant de 8,7% et de nouveau reculer jeudi.
Prix attractifs En début de journée jeudi, les observateurs citaient encore le recul de 1,8% des bénéfices des entreprises du secteur industriel en Chine en novembre ou le repli pour le deuxième mois consécutif en décembre de la confiance des consommateurs aux Etats-Unis. Les tensions commerciales entre Washington et Pékin sont aussi revenues sur le devant de la scène, après des informations de presse "selon lesquelles l'administration Trump se prépare à interdire aux entreprises américaines d'acheter des équipements de télécommunication aux groupes chinois Huawei et ZTE", avait relevé Karee Venema de Schaeffer. Mais "il n'y (avait) pas vraiment de raison fondamentale" au nouvel accès de faiblesse des indices, selon Maris Ogg de Tower Bridge Advisors. Au contraire, les valorisations des entreprises cotées à Wall Street ont beaucoup baissé ces derniers temps, les rendant plus attractives, et les indicateurs sur l'économie américaine restent décents, a-t-elle souligné. Dans ce contexte, l'action des indices est beaucoup guidée, selon elle, par des ajustements techniques réalisés par les investisseurs pour rééquilibrer les niveaux de risques des différentes classes d'actifs au sein de leur portefeuille et minimiser les impôts avant la fin de l'année.
Le dollar lesté par les remous à Washington L'euro remontait jeudi face à un dollar fragilisé, dans un marché tranquille de fin d'année, par le prolongement du "shutdown" à Washington et le nouvel accès de faiblesse à la Bourse de New York. Vers 20H00 GMT (21H00 à Paris), l'euro s'échangeait à 1,1446 dollar pour un euro contre 1,1353 la veille à 22H00 GMT. Le dollar était en baisse face au yen, à 110,81 yens pour un dollar contre 111,37 mercredi à 22H00 GMT. La devise japonaise reculait un peu face à l'euro à 126,89 yens pour un euro contre 126,43 la veille. Le franc suisse montait face à l'euro (1,1294 franc pour un euro contre 1,1303 mercredi) comme face au dollar (0,9867 franc pour un dollar contre 0,9957 mercredi). La monnaie chinoise a terminé à 6,8663 yuans pour un dollar contre 6,8854 yuans mercredi à 15H30 GMT. L'once d'or valait 1.275,71 dollars contre 1.267,13 mercredi. Enfin, le bitcoin s'échangeait à 3.606,55 dollars contre 3.775,47 mercredi soir, selon des chiffres compilés par Bloomberg.