La période de transition devant aboutir à l'élaboration d'une nouvelle loi fondamentale du pays et l'élection d'un nouveau président de la République, est indissociable du processus politique de "changement radical" exigé par les participants aux marches populaires qui ont rejeté les mesures proposées par le gouvernement. La recherche du changement radical, considérée comme une étape nécessaire pour amorcer le processus de construction des fondements d'une IIème République, incarne dans son sillage une approche conceptuelle et de pratique qui caractérise le passage réel à l'Etat de droit. L'objectif est ici de déconstruire le système actuel selon les clameurs des marches populaires. Et de s'interroger sur son caractère démocratique, juste, efficace et adapté aux aspirations populaires, la jeunesse en particulier. Il est clair que les revendications de la rue sont loin d'être négligeables. La preuve, le fait que le Président s'est dit renoncer à un cinquième mandat et à ce que le modèle ou le système politique actuel soit remodelé. Le chef de l'Etat s'est engagé solennellement qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession, vu sa maladie et son âge, et que la période de transition se ferait par étapes précises et ce, au lendemain de la tenue d'une Conférence nationale indépendante et inclusive. C'est ici un grand pas franchi dans la réponse aux exigences de la rue et qui revêt une importance qu'on ne saurait sous-estimer. Les observateurs découvrent les raisons qui ont poussé le gouvernement dans cette voie afin de tenter de déterminer les conséquences au niveau politique et du mûrissement consécutif à une conscience citoyenne parmi la société algérienne, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner sur le plan politique, économique, social et sur le prestige de l'Algérie et de sa démocratie naissante. De la réalité socio-politique que recouvrent les marches populaires à travers tout le pays, permet ainsi de conclure que l'idée est là, mise sur une transformation de la société et du système et que la rue a tendu la main aux décideurs pour la concrétisation de nouvelles valeurs sûres et certaines à la base d'une transition politique à la fois radicale et pacifique, et en optant pour un principe restaurateur qui vise davantage à rétablir la confiance dans une société divisée, en faisant éclater la démocratie. Donc une Confiance restauratrice visant à retisser des liens entre l'Etat et les citoyens, à créer un espace social où toute le monde peut ainsi adhérer à la nouvelle donne républicaine. Un idéal qui mise sur le changement et la transformation de la société que cherche déjà à façonner la nouvelle génération de jeunes.. les partisans de cette voie s'inscrivent dans la formule politique perçue comme une exigence morale de sortie de la crise présente sur laquelle devrait se fonder le compromis politique entre tous les protagonistes et qu'elle serve de ciment de légitimation de la nouvelle République. C'est là l'une des conditions nécessaires du changement devant impliquer tout le monde, et parce qu'il émane d'une " délibération populaire " Cet objectif est tout de même ambitieux et à travers lequel on entend contribuer à la transformation radicale du système en vigueur depuis des années. Mais encore faudra-t-il qu'un travail de sensibilisation, de rapprochement et de réflexion se fasse de manière à toucher toutes les franges de la société et de la classe politique ayant comme base de départ à tirer un trait sur le négatif afin de ne pas remuer constamment les rivalités, les rancœurs. En effet, il est dit jusqu'à preuve du contraire, que chaque camp (Pouvoir, opposition, société civile) a commis des erreurs, des excès qui ont envenimé les choses. Cela implique que toute la collectivité nationale participe à la reconstruction politique et démocratique de l'Algérie et que tout le monde en profite aisément. Un petit résumé des revendications de la rue donne une caution philosophique et morale à l'esprit pacifique de ces marches populaires et à une ascension socio-politique particulière qui émerge de la société algérienne. De ce qui précède, le moment est à la réflexion, au débat politique franc fondé sur le besoin de compréhension et non celui de la fuite en avant, le besoin de rectifier le parcours de l'Etat et non celui de l'improvisation. Il y a encore suffisamment de réflexion, de débat politique et d'analyses. Une part de ce possible dialogue fructueux réside dans le fait que les marches populaires ont été efficaces pour la propre promotion de la concertation et de très bonnes relations avec les pouvoirs publics. D'aucuns devraient de fait rééquilibrer cette vision si l'on veut tirer des leçons de ces marches populaires. Cela doit se concrétiser pour le bien de la Patrie.