Par Ammar Zitouni Au moment fort de la recherche des voies de la résorption de la crise politique que traverse le pays depuis la démission de l'ex-président de la République, c'est la justice qui se met en marche pour élucider de très nombreuses affaires où sont impliqués de hauts responsables. Une grande première dans l'histoire de l'Algérie indépendante : deux ex-Premiers ministres incarcérés ? Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia placés en détention provisoire font face à quatre chefs d'accusations : octroi d'indus avantages dans les marchés et contrats publics, de dilapidation de deniers publics, d'abus de fonction et de conflits d'intérêt. Dans ce contexte, le communiqué rendu public par le procureur général de la Cour suprême, constitue une véritable " première " dans les annales de la justice algérienne qui s'intéresse à la gestion de deux ex-Premiers ministres et de 12 autres anciens hauts responsables ayant été membres de différents gouvernements. Dans ce groupe de présumés accusés de faits punis par la loi, on relève aussi les noms de parlementaires, de walis, d'hommes d'affaires, etc. Dans ce contexte, il convient de rappeler que le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, a déjà interpelé l'appareil judiciaire dans ses différentes interventions, " à accélérer la cadence des poursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics et de juger tous ceux qui ont pillé l'argent du peuple ".Il s'est dit même convaincu : " Dans ce contexte, précisément, je valorise la réponse de la justice quant à cet appel qui représente un volet important des revendications légitimes des Algériens. Je rappelle également que le commandement de l'Armées Nationale populaire offre des garanties suffisantes aux services judiciaires pour poursuivre avec détermination et en toute liberté, sans aucune contrainte ni pression le jugement de ces corrupteurs, ces dispositions permettent ainsi, que de rassurer le peuple que son argent pillé sera récupéré par la force de la loi et avec la rigueur requise ". Peut-être le signe d'un virage important dans la vie du pays où la corruption est inhérente à la vie politique, notamment que la mobilisation citoyenne se poursuit pour le jugement de tous les compromis, prédateurs, etc. C'est à dire tous les réseaux de corruption. La mise en cause de deux ex-Premiers ministres incarcérés est emblématique de cette exigeance, de cette réalité. Une exigeance qui appelle aujourd'hui, la justice à s'attaquer aux cause du mal pour réduire singulièrement l'impunité car le voile de l'impunité a fait en sorte que des responsables, des parlementaires, des élus locaux, des walis etc. ne se retrouvent pas sous les barreaux et ceux qui sont condamnés le sont avec des peines symboliques absurdes. L'implication de Sellal et d'Ouyahia dans de nombreuses affaires scabreuses sur la malversation dont sont accusés certains membres de leurs gouvernements respectifs ne peut pas alarmer les Algériens sur le fonctionnement des appareils de l'Etat en général. Les enquêtes judiciaires en cours sont à cet égard accablantes pour ces hauts responsables de l'Etat, dont les procès sont en préparation. Quoi qu'il en soit, la justice plus libre que par le passé, est en train d'entreprendre, de retrouver et de faire valoir sa noble mission pour le bon fonctionnement de son action judiciaire qui doit certes, être apprécié sur ses résultats : et qui pour cette raison, laisse le citoyen " juge " de l'action de la chancellerie dans son rôle de remise en ordre en sa qualité de source de seule force de la loi, dont le citoyen attend bien sûr une tradition concrète, de même qu'une nouvelle lumière crue que la justice jettera sur les malversations et la mauvaise gestion de la chose publique afin de faire naître un espoir tout aussi légitime de voir divers abus définitivement éliminés non seulement au sommet de l'Etat, mais aussi et surtout au niveau local, là où le citoyen est le plus sensible de leurs effets. Le citoyen du pays profond a toujours en mémoire les pressions terribles subies par les magistrats pour étouffer de lourds dossiers de malversations, les magistrats corrompus qui ont profité de l'affaiblissement de l'appareil judiciaire pour prononcer des jugements contraires à la loi. Exemple de cet ex-député d'un parti islamiste à l'est du pays pris en flagrant délit de faux et usage de faux de faux billets de banque (matériel et produits de trafic de faux billets saisis par la Gendarmerie nationale) et qui se voit acquitter… ?, et pourtant en son temps l'affaire a fait beaucoup de bruits. Ou encore cette famille d'un édile qui a créé une émeute sans être inquiétée malgré qu'il y a eu saccage d'un établissement scolaire et la perturbation d'une infrastructure sanitaire. Ces deux échantillons prouvent que certains magistrats ont favorisé leur plan de carrière pour faire plaisir à des truands, des criminels, des corrompus, à des responsables et parlementaires bien placés au détriment du serment de probité en optant pour la voie mafieuse, violant les lois du législateur et du principe de l'indépendance et de l'impartialité de la justice et souvent soumis à l'abus de pouvoir sous influence. Tout au long de ces dernières années, les scandales de tout genre ont continué de se développer et à l'origine d'une profonde baisse de l'application de la loi et des sanctions. L'ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh mis à l'index par le mouvement citoyen, n'est pas encore directement impliqué mais il est soupçonné d'avoir, au moins laissé faire, d'autant que depuis son départ du gouvernement il fait face à des manifestations réclamant qu'il soit entendu par la justice.