Près de cinq mois de contestation populaire pour le changement radical du système ! Pour être réaliste, c'est le terme de la première enfance d'une Algérie nouvelle. Pour une nouvelle ère républicaine, c'est-à-dire l'âge de la démocratie, de la maturité et de la prise de conscience sur l'avenir du pays. Tâche ardue, tant il est vrai que le mouvement citoyen, s'il a suscité des espoirs et permis d'enregistrer quelques succès, a également engendré quelques déceptions, irritant parfois les uns et les autres, inspirant aux prophètes du mal les plus sombres pronostics quant à la survie de l'Algérie. A présent, en dépit de cette puissante crise politique, l'Algérie existe et nul ne contredit cette réalité. C'est un des plus grands mérites du moment à mettre sur le crédit du mouvement citoyen qui a évidemment maintenu sa mobilisation pacifique et ses efforts en vue de réaliser un objectif dont l'importance capitale n'échappe à personne, mais qui est multiforme, spécifique selon les situations des différents secteurs de la vie nationale. Sur lesquels les revendications populaires se sont développées et monopolisées. Le mouvement citoyen dans sa résistance a trouvé un dénominateur commun : la préservation de l'unité nationale. C'est-à-dire qu'il faut arriver à neutraliser toutes les tentatives de déstabilisation du pays. Tentatives qui se présentent sous des formes nuancées mais avec des desseins bien avoués. Face aux multiples obstacles qui meublent le périmètre de la solution à la crise, le vouloir du chef de l'Etat, M. Abdelkader Bensalah et du vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah visant une concertation politique de sortie de crise consensuelle, sur les divergences, les points de vue et autres compromis est un signe de renforcement des responsabilités des uns et des autres. Il suffit que cette concertation soit marquée par le sceau d'un fort relent de compréhension, et qui, forcément, serait la réponse idoine à offrir aux revendications populaires ; à ce peuple mature qui a plus que jamais besoin de supports politiques pour concrétiser ses revendications politiques, économiques et sociales. Peut-être est-ce la raison pour laquelle certains politiques commencent à parler un langage réaliste en ce qui concerne les problèmes de la crise, tentant d'atteindre des objectifs à la mesure de la gravité de la situation du moment. C'est dans ce contexte qu'on prête à M. Abdelkader Bensalah l'option de définir une stratégie globale pour arriver à une saine concertation politique. Une stratégie qui sera soumise à la classe politique, les personnalités nationales et la société civile pour examen et enrichissement, indique-t-on encore ; dans cet esprit, s'il est justifié d'affirmer que la solution à la crise est une entreprise collective de toute la communauté nationale, pourquoi ne pas exploiter l'énorme potentiel humain politique et social que représente la conscience mature et grandissante du peuple algérien ? C'est la question que se posent nombre d'observateurs. Le souci est de trouver cette fois avec beaucoup plus d'acuité, de compréhension mutuelle, une véritable solution au drame politique actuel. Toute mystification mise à part, on se rend bien compte que l'un des enjeux est l'avenir de la nation. C'est-à-dire éviter la déstabilisation par le dialogue. C'est ce qu'a expliqué hier, Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international dans une contribution que nous avons rapportée dans notre édition d'hier. " Il ne fait plus aucun doute qu'il sera difficile, sinon impossible, de tenir l'élection présidentielle sauf à discréditer l'Algérie au niveau international, sans un dialogue productif et un compromis entre le pouvoir, le Hirak et l'opposition. Ce, d'autant plus que les images diffusées lors de la journée récemment ont provoqué un véritable choc, de rejet par l'opinion publique de l'ancienne classe politique face à l'ampleur des faits de corruption et de délits d'initiés reprochés aux hauts responsables auditionnés qui demandent à la population dans un passé récent de serrer la ceinture, méfiance encore plus accentuée après les soutiens de certaines personnes, responsables de partis, auditionnés par la justice qui ont perdu toute crédibilité, soutien qui nuit à la crédibilité de l'ANP. Les expériences réussies de la transition économique et politique ont été faites graduellement, les forces réformistes ayant intégré les forces conservatrices dans une dynamique nouvelle où la moralité a été la règle ; sans s'attaquer au fonctionnement du système, même si on remplace des personnes par d'autres, ces dernières verseront comme leurs prédécesseurs dans la corruption. Aussi, attention à ces slogans des courants extrémistes populistes, qui risquent de conduire le Hirak dans l'impasse : ''dégagez tous'', la majorité des fonctionnaires, des cadres tant au niveau de la société civile que de l'ANP/forces de sécurité sont honnêtes, devant à tout prix éviter le vide des institutions, ce qui conduirait à l'anarchie profitable aux conservateurs ".