Les actions européennes ont fini en nette hausse et touché des pics de plus d'un mois jeudi, portées par la perspective de voir les Etats-Unis et la Chine reprendre les négociations sur le commerce, un dossier qui pèse sur les marchés mondiaux depuis un an et demi. À Paris, le CAC 40 a pris 1,11% à 5.593,37 points et à Francfort, le Dax a gagné 0,85%. Le Footsie britannique a en revanche cédé 0,55%, pénalisé par le détachement de leur dividende par plusieurs poids lourds de la cote ainsi que par une nette remontée de la livre sterling handicapant les valeurs exportatrices. L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,98%, le FTSEurofirst 300 de 0,66% et le Stoxx 600 de 0,72%. Ce dernier indice évolue à un plus haut de plus d'un mois, de même que le CAC 40. La Chine et les Etats-Unis sont convenus d'organiser des discussions commerciales début octobre à Washington, a indiqué jeudi le ministère chinois du commerce, tandis qu'un représentant américain a annoncé la tenue de réunions entre les deux camps à niveau ministériel "dans les prochaines semaines". Ces annonces interviennent quatre jours après que les deux plus grandes puissances économiques au monde ont commencé à prélever de nouveaux droits de douane sur leurs importations mutuelles. Autre facteur de soutien pour les marchés, le gouvernement de Boris Johnson a annoncé qu'il renonçait à essayer d'empêcher l'adoption définitive d'une proposition de loi qui le contraindrait à demander un nouveau report de trois mois du Brexit s'il ne parvenait pas à un accord avec l'Union européenne d'ici au 31 octobre. L'apaisement est plus net encore du côté de l'Italie, où le nouveau gouvernement de Giuseppe Conte, alliance inédite entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et le Parti démocrate (centre gauche), a prêté serment et prévoit de solliciter la semaine prochaine la confiance du Parlement. Tous ces éléments ont contribué à redonner aux investisseurs le goût des actions et à les tenir éloignés des obligations souveraines, dont les rendements progressent nettement. Les indices de Wall Street ont en revanche nettement augmenté leurs gains après l'annonce de l'accélération de la croissance de l'activité du secteur des services aux Etats-Unis en août, selon l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM). L'indice Dow Jones prend 1,7% à l'heure de la clôture en Europe et se dirige vers sa meilleure séance depuis début juin.
Valeurs En Europe, les secteurs les plus exposés à la thématique commerciale ont logiquement porté la tendance. L'indice Stoxx des valeurs technologiques a ainsi pris 2,51% et celui de l'automobile 2,88%. Deux des plus fortes hausses du SBF 120 sont pour des équipementiers automobiles, Valeo (+6,54%) et Faurecia (+6,15%). La Bourse de Paris a été portée aussi par des publications bien accueillies de Safran et Dassault Aviation ainsi que par l'arrivée d'un nouvel actionnaire chez Casino. Safran a gagné 5,10%, l'une des plus fortes hausses du CAC 40 derrière STMicroelectronics (+6,22%) et Capgemini (+5,28%), après avoir relevé ses prévisions de résultats annuels et un premier semestre marqué par une croissance plus forte que prévu du bénéfice. Dassault Aviation a bondi de 5,74% après avoir confirmé ses objectifs 2019 d'un chiffre d'affaires net en forte hausse et d'une augmentation des livraisons d'avions, le groupe ayant enregistré une croissance de son bénéfice sur les six premiers mois de l'année. Casino, mis sous pression par sa dette et le placement en sauvegarde de sa maison-mère Rallye, a pris 1,56% après l'entrée à son capital de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky. L'annonce de créations d'emploi dans le secteur privé aux Etats-Unis supérieures aux attentes en août, selon les chiffres du cabinet ADP, a eu peu d'effet sur le marché, qui prendra connaissance vendredi du rapport mensuel du département du Travail.
Stats et ouverture commerciale ont porté Wall Street Comme ses homologues européennes, Wall Street a bénéficié jeudi des espoirs d'un relâchement des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, une batterie de bonnes statistiques ayant en outre apaisé les craintes d'un ralentissement économique marqué. L'élan imprimé à la cote a permis à l'indice S&P-500 de dépasser sa moyenne mobile de 50 jours. Il est à moins de 2% de son record de clôture du 26 juillet. L'indice Dow Jones a gagné 372,68 points, soit 1,41%, à 26.728,15 points. Le S&P-500, plus large, a pris 38,22 points (1,30%) à 2.976,00. Le Nasdaq Composite a avancé de 139,95 points (1,75%) à 8.116,83. La Chine et les Etats-Unis sont convenus d'organiser des discussions commerciales début octobre à Washington, a indiqué jeudi le ministère chinois du commerce, tandis qu'un représentant américain a annoncé la tenue de réunions entre les deux camps à niveau ministériel "dans les prochaines semaines". Ces annonces interviennent quatre jours après que les deux plus grandes puissances économiques au monde ont commencé à prélever de nouveaux droits de douane sur leurs importations mutuelles. "Que les discussions se déroulent ou pas, nous verrons bien. Et qu'elles débouchent sur quelque chose de concret, cela reste à voir mais en attendant, le marché adore", a observé Tim Ghriskey (Inverness Counsel). "Les nouvelles sur le front du commerce ont lancé le rally et les statistiques économiques l'ont amplifié", a dit Michael Antonelli (Robert W. Baird). "L'industrie a la migraine un peu partout dans le monde mais si on regarde les autres statistiques économiques, comme les services et les rapports sur l'emploi, elles ne donnent pas l'image d'une économie au bord de la récession", a-t-il ajouté. Wall Street a rendez-vous vendredi avec l'un des indicateurs mensuels les plus suivis: les créations d'emplois du mois d'août. Les économistes prévoient 158.000 nouveaux emplois après 164.000 en juillet. Le président de la Réserve fédérale Jerome Powell s'exprimera également ce même vendredi lors d'un débat économique et monétaire. Le volume a été de 7,5 milliards de titres échangés contre 6,8 milliards en moyenne lors des 20 séances précédentes.
Valeurs La plupart des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini dans le vert. L'indice des valeurs high tech s'adjuge le plus gros gain, de 2,13%. Il est suivi par celui des financières (+1,9%). L'indice des bancaires, très sensible aux événements sur les taux, a avancé de 2,46%, dans le sillage d'une hausse des rendements obligataires américains. En revanche, les valeurs défensives ont été délaissées, à l'image des services aux collectivités, dont l'indice a lâché 1,19%, et de l'immobilier (-0,94%). Prudential Financial a gagné 2,85%. L'assureur rachète le spécialiste des assurances en ligne Assurance IQ pour 2,35 milliards de dollars. Le secteur privé aux Etats-Unis a créé 195.000 emplois en août, un chiffre supérieur aux estimations les plus optimistes et le plus élevé enregistré depuis avril, suivant les résultats de l'enquête mensuelle du cabinet ADP. Les inscriptions au chômage n'ont que très légèrement augmenté aux Etats-Unis lors de la semaine au 31 août, à 217.000 contre 216.000 (révisé) la semaine précédente, a annoncé jeudi le département du Travail. La croissance de la productivité du travail aux Etats-Unis a ralenti au deuxième trimestre, confirment les statistiques officielles publiées jeudi, celle du secteur manufacturier affichant sa plus forte dégradation depuis près de deux ans. La croissance de l'activité du secteur des services aux Etats-Unis s'est accélérée en août après être tombée le mois précédent à son rythme le plus faible depuis près de trois ans et celle des nouveaux contrats a atteint son plus haut niveau depuis février, selon les résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM). Les nouvelles commandes à l'industrie aux Etats-Unis ont augmenté en juillet pour le deuxième mois consécutif, celles d'équipements de transport enregistrant leur plus forte progression depuis près d'un an.
Taux Les rendements ont monté d'une dizaine de points de base, conséquence logique des nouvelles rassurantes sur le front commercial. Le 10 ans a gagné 10,8 pdb à 1,567% et le deux ans 10,2 pdb à 1,536%. La perspective d'une reprise des discussions ne suffit pas à convaincre certains analystes mais, observe Paula Solanes (Silicon Valley Bank), "la fuite vers la sécurité (auparavant) était un peu surfaite avec l'escalade des tensions commerciales et il y a là un retournement". Ici comme ailleurs, on attend les chiffres de l'emploi et Jerome Powell.
Changes Les actifs refuge ayant été moins recherchés ce jeudi, c'est le yen qui en a pâti, tandis que la livre a inscrit un pic de plus d'un mois contre le dollar dans l'espoir qu'un Brexit sans accord sera évité. Le dollar gagnait 0,53% à 106,975 yens après un pic à 107,235, au plus haut depuis la fin juillet. L'euro prenait 0,5% à 118,015 yens après avoir atteint un plus haut de trois semaines de 118,6. La livre gagnait 0,60% à 1,2327 dollar et 0,57% à 89,52 pence par euro après un pic de près de six semaines de 89,49.