La banque centrale brésilienne a emboîté le pas à la Fed et a réduit ses taux directeurs de 0,5 point à 5 % annuels, soit la troisième réduction consécutive de cette ampleur. La Banque centrale du Brésil a abaissé la semaine dernière son taux directeur de 5,5 % à 5 %, un plancher historique, depuis l'instauration du régime de ciblage de l'inflation, il y a 20 ans. En trois ans, le " Selic ", comme on nomme le taux de référence brésilien, a dégringolé de 14,25 % à 5 %. L'objectif de ces baisses de taux est avant tout de relancer la croissance, encore lancinante. D'autres pourraient suivre: la plupart des analystes s'attendent à une baisse similaire, à un nouveau plancher de 4,5 %, lors de la réunion du Comité de politique monétaire des les 10 et 11 décembre prochains. Depuis la fin 2016, l'économie brésilienne s'est toutefois considérablement assainie. L'inflation est désormais maîtrisée. Elle est même devenue négative en septembre (-0,04 %) et est passée sous les 3 % sur un an pour la première fois depuis mai 2018, largement en dessous de la cible officielle de 4,25 % cette année et de 4 % en 2020. Les marchés financiers plébiscitent ainsi la politique libérale du gouvernement. Cette perception favorable a notamment été encouragée par " le changement de la politique publique de crédit ", souligne José Carlos Faria, chef économiste de BNP Paribas pour l'Amérique latine, grâce à une diminution sensible des prêts subventionnés accordés par les banques publiques. Pour la première fois en 10 ans, le stock de crédit privé est supérieur au stock de crédit public, souligne le ministre de l'Economie Paulo Guedes. La prudence est de mise La banque centrale incite pourtant à la prudence. D'une part, elle ne néglige pas les risques et incite à " la persévérance " en matière de réformes et met en garde contre une éventuelle " frustration " en la matière. Après les retraites, le gouvernement doit en effet annoncer une réforme du service public et une réforme de la fiscalité afin de moderniser l'économie du pays. Mais le climat politique a été exacerbé par des querelles internes au sein du parti présidentiel qui risquent de compliquer la tâche du gouvernement. Autre préoccupation : l'environnement international, jusqu'ici très porteur aux Etats-Unis et " relativement favorable " dans les marchés émergents. Mais " les perspectives demeurent incertaines ", note la banque centrale, qui évoque les risques d'un " ralentissement de la croissance mondiale plus prononcée ". La banque centrale brésilienne a ainsi laissé entendre qu'elle pourrait lever le pied dès l'année prochaine et mettre un terme au cycle de baisse des taux. Ce qui n'a pas manqué de frustrer les investisseurs. Après une série de records à la hausse depuis le début de l'année, la Bourse de São Paulo - l'Ibovespa a gagné plus de 21 % cette année - était orientée à la baisse à l'ouverture des marchés jeudi.