‘' Il faut abandonner le rêve impossible de faire une prose impartiale sur la société et sur la condition humain ; fondamentalement se rebeller c'est exister. ‘' Face à un pouvoir atteint de cécité et l'état de blocage actuel, les algériens ont montré qu'ils savent être patients, ils continuent à manifester en faisant face à une situation absurde et injuste qui leur a été imposée. Les algériens, révoltés, ont décidé de s'opposer, et de refuser un ordre des choses moribond. Ils savent qu'une étape a désormais été dépassée. Et qu'ils sont en phase se ré-approprier des droits et des valeurs qui leur sont chers. Ils se donnent désormais la force de les clamer et de les défendre en manifestant chaque vendredi sur tout le territoire. Refusant que l'on s'attaque à ce qu'ils sont, ils ont placé ces valeurs désormais sacrées au dessus de toutes choses, au dessus d'eux-mêmes, au dessus de leurs propres vies. Car il est vrai que « Ali doit vivre debout ». Le refus de leur condition mais également l'idée qu'il existerait, une solution à cette crise, anime la révolte. Cette foi inébranlable dans l'habilité de façonner son devenir, a pour genèse des valeurs, des causes universelles qu'il faudrait se faire un devoir de protéger puisqu'elles sont intrinsèques à la nature combative d'un peuple fougueux de tout temps. C'est donc le sentiment que ces valeurs seraient communes à tous les algériens qui pousse à la révolte. Loin d'être une attitude égocentrique, les algériens ne se révoltent donc pas uniquement à l'encontre d'une injustice mais aussi contre un ordre contre-nature. Quel serait le contenu social de cette révolte ? Tout d'abord, elle devait mener jusqu'au bout les idéaux de l'appel du 1er Novembre, dont la pierre angulaire reste la reconstruction démocratique de l'Etat. Autrement dit, cette révolte doit être l'arme avec laquelle seraient atteints les objectifs historiques de la révolution de 1954. Mais elle ne pouvait s'arrêter là. Arrivée au pouvoir, la nouvelle élite dirigeante devrait être obligée de faire des incursions de plus en plus profondes dans l'élaboration d'une doctrine nationale inspirée par cette ferveur révolutionnaire. Cette doctrine en essence, signifie un changement qui ne veut transiger avec aucune forme de domination de classe, qui ne s'arrête pas au stade démocratique mais passe aux mesures radicales et à la guerre contre la réaction extérieure, une doctrine dont chaque énoncé est contenu en germe dans l'énoncé précédent, une doctrine qui ne finit qu'avec la liquidation totale des élément structurants de l'ordre actuel. L'objectif final serait de rendre l'exercice du pouvoir au peuple algérien et à seuls représentants, dument élus. A l'indépendance, et au vu des urgences, l'Algérie dont le peuple n'était pas suffisamment préparé pour grouper autour de lui une élite éclairée pour conquérir le pouvoir, fut de ce fait même astreint à l'incapacité de mener à bien sa révolution démocratique. Mais aujourd'hui en ce mois IV de la révolution algérienne moderne, un immense espoir est permis pour la naissance d'une nouvelle République et un nouveau système qui seront entre les mains des nouvelles générations d'Algériennes et d'Algériens qui seront tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique et du développement durable dans l'Algérie de demain ; demanderont, pour être pleinement réalisés, l'action déterminée du peuple algérien. Si les Algériennes et les Algériens doivent oeuvre à la réalisation à leurs objectifs et eux seuls devront décider de la manière dont ils veulent les atteindre, la responsabilité, le progrès et le succès de cette révolution est dans les mains de l'Intelligentsia. Car c'est l'Intelligentsia qui peut saisir les contradictions internes de la société, en particulier les inégalités de classes, de sensibiliser le public en soulignant ces contradictions, et de tirer les leçons des expériences de notre histoire et celle de toute l'humanité. Enfin, après avoir tracé la voie de l'avenir, l'Intelligentsia doit guider les masses à travers la révolution. Il y a 50 ans que le peuple algérien et son élite éclairée sont séparés. Il faut qu'ils ne fassent plus qu'un. Khaled Boulaziz