La wilaya de Aïn Defla, depuis sa création en 1984, a été affectée entre 1990 et 2013 à 6 reprises, à savoir en 1990, 2006, 2007, 2008, 2012 et 2013, et ce, dans 5 de ses communes; certaines deux années de suite. Ces inondations qui ont été provoquées par les crues de l'oued Massine, ont causé la mort de 13 personnes dans la commune de Bordj Emir-Khaled, le 4 octobre 1990. A ce triste bilan, il faut ajouter 1 mort dans les inondations du 22 septembre 2006 auquel sont venus s'ajouter les 5 morts et 6 blessés dans la même commune de Aïn Torki l'année suivante le 22 septembre 2008 en plus des 3 morts de Mekhatria le 1er décembre 2007. A ces pertes humaines, il faut ajouter les 60 habitations détruites dont 40 à Aïn Torki en 2006, les 10 maisons emportées par les eaux du Chelif en 2012 au niveau de la zaouia Sidi Ahmed-Bencherki d'El Attaf, en plus des 18 habitations détruites au niveau de la cité communale d'El Abadia en 2013. Les inondations, en tant que phénomène naturel, ne peuvent être évitées, certes, mais avec les moyens techniques et technologiques, les connaissances scientifiques, l'homme peut les prévenir et prendre ses dispositions pour en atténuer les effets néfastes, à savoir limiter les dégâts humains et matériels ainsi que les impacts parfois catastrophiques sur le plan économique et social. Dans le cas des inondations, les différents éléments climatologiques ne sont pas les seuls en cause, et toutes les analyses impliquent aussi bien les personnes physiques que les entités morales, en l'occurrence les services publics et les différents secteurs responsables. Ces analyses l'indiquent clairement «le risque peut être exacerbé par une planification urbaine insuffisante ou incontrôlée qui, souvent, incite beaucoup de personnes à vivre en zones de plus en plus vulnérables, à construire trop près des rives ou sur des sites à haut risque d'inondation, risques attestés par les statistiques appuyées par les études historiques et encouragées par le laxisme de certains responsables locaux. A ce sujet, il faut se rappeler du cas des inondations de Bab-el- Oued à Alger «l'urbanisation galopante selon des modes inappropriés a contribué à accentuer la vulnérabilité de la ville d'Alger». Le 10 novembre 2001, Alger avait été frappé par des inondations meurtrières quand des trombes d'eaux se sont abattues sur le vieux quartier populeux, faisant plus de 700 morts et 100 disparus. Les dégâts furent estimés à plus de 270 milliards de centimes. C'est dans l'espoir de sensibiliser tout un chacun sur les risques d'inondations, risques toujours potentiels qu'une journée d'études a été organisée au début de la semaine en cours au niveau de l'Odej de Aïn Defla, journée présidée par M. Bensalah Abdelhafidh, président de la Coordination nationale de la société civile, coordination née et agréée le 27 juillet dernier, et à laquelle ont pris part les différents responsables des 9 secteurs concernés dont la Conservation des forêts, la Protection civile, l'environnement en plus d'un chercheur de l'Université de Mostaganem, le Dr Laridh Mohammed, spécialiste en la matière. M. Abdelhafidh Bensalah a fait connaître les motivations qui ont donné naissance à la Coordination qu'il préside, son rôle et ses objectifs, à savoir l'organisation de campagnes de sensibilisation à travers toutes les wilayas du pays, sensibilisation sur des thèmes ponctuels et spécifiques à chaque région. L'officier de la Protection civile, Rebouh Mohammed, a présenté l'historique des inondations qu'a connues la wilaya de Aïn Defla depuis 1990 à nos jours, appuyé par les bilans successifs et les images des pertes humaines et des dégâts engendrés. Le Dr Laridh s'est attaché à disséquer différents cas d'inondations en insistant sur le facteur des responsabilités dans les actions des individus mais aussi des collectivités locales qui construisent n'importe où et n'importe comment, notamment dans les bas-fonds là où justement les eaux de ruissellement achèvent leur parcours en déferlant des hauteurs, dans les lits des oueds ou sur les rives, à la merci de chaque montée des eaux. L'universitaire a aussi insisté sur le rôle de l'arbre pas seulement comme source de richesse ou de protection des sols, mais aussi «l'arbre constituant une véritable base de données indiquant l'historique des précipitations d'une région donnée, un historique qui retrace une carte climatologique pendant des siècles». Le représentant de la Conservation des forêts dans son intervention a précisé «notre secteur s'appelait la DRS (Direction de la restauration des sols) avant d'être la Direction de la Conservation des forêts et nos missions ont toujours été accomplies dans le cadre d'un plan directeur et nos opérations ont toujours été dans le sens de la conservation du patrimoine forestier et le bilan de nos actions à travers les différentes communes est là». Une remarque à faire, c'est que ce débat, au nom de la société civile, au nom de la sensibilisation des citoyens sur des thèmes stratégiques, ne s'est adressé en fait qu'aux représentants des différents secteurs étant donné que la société civile n'a pas été conviée, une remarque d'ailleurs partagée par de nombreux présents. Karim O.