International SOS, une société spécialisée dans l'assistance médicale, a classé l'Algérie dans la catégorie des pays à haut risque sanitaire. L'Algérie se place donc parmi les pays à plus haut risque dans le monde avec le Mali, la Mauritanie, Myanmar, le Soudan, le Nigeria et le Bengladesh. L'Ordre national des médecins et le Syndicat national des praticiens de santé publique qui contestent ce classement parlent d'un classement «non crédible et exagéré». Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le docteur Bekkat, président de l'Ordre national des médecins, a expliqué que ce classement a été réalisé par une institution privée. «Ce sont des gens expatriés qui veulent justifier la prime d'assurance», explique-t-il. Le classement est, selon lui, très peu crédible. Le contraire aurait pu être envisagé, dit-il, si ce classement avait été établi par une institution qui dépend de l'OMS. Le docteur Bekkat se demande sur quel critère International SOS s'est basée pour faire son classement et mettre l'Algérie dans la même catégorie que le Mali. «L'Algérie n'est pas le Mali, nous avons des hôpitaux, même s'ils marchent mal et nous ne sommes pas au même niveau des soins européens mais nous ne sommes pas non plus au même niveau que le Mali», s'insurge le président du Conseil de l'Ordre qui estime que l'Algérie est comparable à ses voisins la Tunisie et le Maroc. Selon lui, «c'est un point de vue qui n'est basé sur aucun critère de bonne santé d'un pays par rapport à la prévention et aux soins». De son côté, le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) estime que ce classement est dénué de toute objectivité et il s'agit d'un regard déformé des institutions internationales sur notre système de santé. «C'est exagéré», estime Lyes Merabet qui précise «qu'il revient aux autorités publiques et sanitaires de réagir». Selon lui, «si ce classement a été établi par rapport à la survenue du choléra dans notre pays, il faut dire que ça a été pris charge et on est arrivé à identifier la source et endiguer le problème». Le docteur Merabet dit que l'Algérie n'est pas dans une situation sanitaire catastrophique. Et par rapport aux cas de rougeole que l'on enregistre actuellement, l'Europe également, précise-t-il, a connu le retour de l'épidémie il y a deux ans. Ce n'est donc pas une raison suffisante pour justifier ce classement, affirme le président du snpsp qui qualifie ce constat de International SOS de «grave». Selon ce médecin, «il y a une défaillance dans notre communication, qu'elle soit nationale ou internationale». L'Algérie, rappelle-t-il, est membre de plusieurs organismes de santé internationaux comme l'OMS, l'Unicef ou Onusida. «Nos représentants dans ces organismes internationaux doivent communiquer plus pour redorer notre image, or, nous sommes absents et on laisse l'espace aux autres pour dire ce qu'ils veulent de nous contrairement à nos voisins la Tunisie et le Maroc qui sont très communicatifs et très présents sur la scène internationale, nous nous sommes occupés à faire autre chose», regrette le Dr Merabet. Pour rappel, International SOS, présente dans 90 pays dans le monde et basée à Singapour, a procédé à la catégorisation des pays par rapport au risque sanitaire. Ce dernier est représenté par une couleur qui varie du rouge, pour les pays à très haut risque, à l'orange pour les pays à haut risque. Du jaune pour les pays à risque modéré et vert pour ceux à bas risque. Ainsi, notre pays est considéré comme un pays à haut risque et se place avec le Mali, la Mauritanie, Myanmar, le Soudan, le Nigeria et le Bengladesh. Dans ces pays, «l'accès aux médicaments sous ordonnance peut être limité et, dans certains cas, les médicaments contrefaits ou mal stockés représentent un problème et des maladies infectieuses sérieuses telles que la typhoïde, le choléra, la fièvre dengue ou la malaria qui peuvent représenter une menace», explique la société d'assistance médicale. Pour leur part, nos pays voisins, la Tunisie et le Maroc, sont mieux classés que l'Algérie et se retrouvent dans la catégorie jaune, soit des pays à «risque modéré». En parallèle, la Libye et la Mauritanie sont considérées comme des pays à «très haut risque sanitaire». Les pays développés comme les pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord, le Japon et la Corée du Sud se situent, pour leur part, dans la catégorie verte des pays à «bas risque». S. A.