Juste avant la fin de l'année qui vient de s'écouler, le gouverneur de la Banque d'Algérie annonçait, lorsqu'il présentait l'état de l'évolution monétaire et financière du pays, que les réserves de change étaient à 82,12 milliards de dollars à fin novembre alors qu'elles étaient de 97,33 milliards de dollars à fin 2017, soit une baisse de 15,21 milliards de dollars en moins d'une année, 11 mois pour être plus précis, avant que le Premier ministre nous apprenne, samedi lors de sa conférence de presse en qualité du SG du RND, que ces mêmes réserves de change sont passées sous la barre des 80 milliards de dollars, en donnant le chiffre de 79,80 milliards. Entre la fin novembre dernier et le moment où Ahmed Ouyahia livrait ses chiffres, soit environ deux mois, l'avoir en réserves de change a donc diminué de plus de 2 milliards de dollars. Une baisse qui s'explique par cette espèce de frénésie des importations dont ne peut se départir le pays qui, malgré les discours et les intentions, n'arrive pas à s'émanciper économiquement et se défaire, ainsi, de sa dépendance presque intégrale des hydrocarbures. Et tant que le pétrole n'avoisinera pas les 80 dollars, le risque est grand de voir nos réserves en devises se réduire comme une peau de chagrin. Et à l'allure où va notre économie, malgré les tentatives de la doper par les milliards de la planche à billets, le rythme qui a fait que l'on perde plus de 100 milliards de dollars en un peu plus de quatre ans risque de revenir tel un boomerang à la face de ceux qui pensent (ou qui ne pensent pas, c'est selon) la stratégie économique d'un pays qui est passé tout près de l'insolvabilité il y a quelque temps à peine pour justifier, en grande partie, le recours à la planche à billets. En l'état actuel des choses, le sort de nos réserves de change — et ce n'est un secret pour personne – est strictement lié à la «découverte»de débouchés à la production locale «exportable» autre que les hydrocarbures tout en limitant les importations, parce que la facture d'importation, quoi qu'il ait été fait en matière de restrictions, a énormément pesé sur les finances du pays au point de devenir une … lapalissade, malgré les alertes qui faisaient état, notamment l'année dernière, d'un rythme inquiétant de la baisse des réserves de change comme lorsque, entre janvier et la fin du mois d'octobre 2018, les importations avaient atteint 38,240 milliards de dollars, faisant crier victoire pour une petite économie de 134 millions de dollars par rapport à la même période de l'année d'avant, lorsque entre janvier et octobre 2017, les importations avaient été chiffrées à 38,374 milliards de dollars. Une statistique accueillie comme une prouesse alors que dans le même temps le pays demeure toujours, et quelle que soit la conjoncture, suspendu aux fluctuations du marché du pétrole, reléguant les réformes structurelles à un autre temps et, par ricochet, espérer enfin influer positivement sur la balance des paiements et ses déficits chroniques. Azedine Maktour