Communication tout azimut, sensibilisation, présence constante sur le terrain, travail de proximité avec la frange jeune de la société, partenariat avec les institutions socio-éducatives et présence quasi permanente au niveau des médias. A Boumerdès, on parle désormais de développement de la sécurité comme on parle du développement de l'économie, de l'éducation, du social, ou d'autres secteurs. Il se dégageait, par ailleurs, une sérénité aussi bien dans le rapport annuel de la police de la wilaya de Boumerdès que durant la conférence de presse de présentation de ce bilan que le premier responsable régional de ce corps de sécurité, le contrôleur de police Ali Badaoui, directeur de la Sûreté de la wilaya de Boumerdès, a animée ce mardi au siège de la Sûreté. Il y a quelques années, cet optimisme relevait du rêve. Et pour cause, la région était devenue un véritable enfer pour ses enfants. Considérant ce récent passé dramatique qui s'est abattu sur la région, on pouvait craindre un regain de délinquance et de criminalité dû aux traumatismes subis par la population. Au contraire, le contrôleur de police Badaoui qui était au premier rang de bataille durant la décennie noire est d'un optimisme indémontable. D'ailleurs, lui-même le reconnaît, la wilaya de Boumerdès est une région la moins criminogène au niveau national. «Ce n'est pas nos statistiques qui le disent mais les études de notre tutelle qui l'attestent», dira-t-il. Un observateur pourrait, donc, dire que Boumerdès est une région paisible où des policiers font cas de professionnalisme pour veiller sur la tranquillité des personnes des zones dont ils ont la charge. A quoi est dû ce résultat prometteur ? «Notre travail est basé sur le renseignement et surtout l'anticipation.» Mais il y a des paramètres que ni les policiers ni les gendarmes ne maîtrisent et qui pourraient troubler son avenir : la situation économique et les difficultés sociales auxquelles sont confrontés les citoyens de cette wilaya, à l'instar de ceux du pays, particulièrement les jeunes qui sont les plus vulnérables. La frustration politique, économique, sociale, culturelle ou autres est source de colère. Au fait, quelle est la couverture sécuritaire de la wilaya de Boumerdès ? « Nous ne réfléchissons pas en termes de localités ou communes pour nous implanter, mais nous réfléchissons en termes de grandes agglomérations où il y a une grande concentration humaine qu'il faut prendre en charge», répondra le directeur de la Sûreté de la wilaya à notre question. Dans cette optique, 3 Sûretés urbaines secondaires ouvriront bientôt à Ouled Moussa, les Issers et Boudouaou pour faire face à l'extension urbaine de ces communes de la ligne centrale de la wilaya, la région la plus active de cette wilaya. Il est question, en outre, de la présence d'un policier pour 266 personnes. Selon les dernières statistiques de l'administration, la wilaya de Boumerdès compte un peu plus de 930 000 habitants. D'ici quelques mois, elle franchirait le cap du million. Sur le plan des réalisations, les policiers de la wilaya ont eu à traiter, durant l'année 2018, 3 250 affaires, soit une affaire pour 286 habitants. Ils ont arrêté 4 435 personnes impliquées dans ces affaires dont 250 femmes, 151 mineurs et 31 étrangers. Donc, ils ont arrêté 1 suspect pour 210 personnes. Les agressions contre les personnes représentent 58,03% (1 364 affaires) du travail des policiers. On note que 143 femmes font partie des agresseurs. Au vu de nos traditions, d'aucuns diront que ce chiffre est préoccupant. Dans le domaine du trafic de drogue, une augmentation, par rapport à 2017 de 39,55% en termes d'affaires (314- une affaire pour 2 961 personnes). En 2018, 466 dealers ou consommateurs ont été arrêtés (1 délinquant pour 1 995) habitants) et 32,726 kg de kif ont été saisis. Une augmentation de plus de 479%. Le policier numéro un ne s'alarme pas. «Ces chiffres n'indiquent pas une augmentation de la criminalité dans ce dossier de drogue mais c'est la mobilisation des policiers qui ont augmenté leurs résultats.» La seule répression ne garantit pas le succès Nous avons noté dans le bilan annuel que le nombre des accidents de circulation en zones urbaines est le même en 2018 que celui de 2017, alors que le nombre de retrait de permis de conduire a chuté de 5 407 à 4 145. «Nous avons constaté que la répression seule ne garantit pas le succès. Nous avons essayé la sensibilisation et nous continuerons sur cette voie et nous ferons ensuite le bilan.» Pour le contrôleur de police, chaque appel au 10 48 est une action policière. Sur ce chapitre, il y a lieu de relever que les policiers ont reçu en 2018, 79 655 appels sur le 10 48, le 104 ou le 17. «Chaque appel a reçu une réponse que ce soit une demande d'information ou pour une demande d'intervention. De plus, pour nous, chaque appel est une source d'informations», rappellera l'officier supérieur qui estime, en outre, que les numéros verts sont le moyen qui aide à tisser les liens de confiance entre la police et le citoyen. Abachi L.