Certes, il y avait une certaine crispation lors de la célébration de la journée mondiale de la Liberté de la presse, où une cérémonie sobre a été organisée à l'occasion, jeudi dernier, par les autorités locales au niveau du siège de la Wilaya. Et pour cause, le Hirak et les événements qui se bousculent, à une allure vertigineuse, ont donné un arrière-goût amer à ladite journée. Malheureusement, ce qui a retenu l'attention des présents, qui étaient une vingtaine de journalistes de la presse écrite et de quelques chaînes de télévision privées, est le discours du nouveau wali qui a usé d'une langue châtiée et de mots abscons mais qui comporte plusieurs insinuations négatives à l'adresse de la presse locale. Il dira en substance que « les gens de la presse sont les yeux qui ne dorment pas mais il doivent faire leur métier, sans autre chose ». Les deux mots «autre chose» revenaient tel un leitmotiv dans son speech et étaient interprétés comme des accusations indirectes à l'encontre des gens de la presse parce que lesdits mots renvoient, instinctivement, au mot « affairisme ». Les sémanticiens appellent cette occurrence une absorption lexicale. « C'est un dénigrement subliminal et des insinuations à peine voilées. Au lieu d'assister à une journée où les journalistes exprimeraient leurs doléances et revendications pour une meilleure pratique journalistique au bénéfice des lecteurs et de la société en général, nous avons eu un discours, indirectement, accusateur, à tort, enrobé de mots conciliants », a martelé un journaliste présent qui a regretté d'être présent à ce simulacre de cérémonie. Pire, lors de la distribution des cadeaux aux journalistes présents, le wali a demandé à son protocole d'organiser un tirage au sort, ce qui a frustré certains, du fait que cette manière de procéder renvoie à l'idée qu'on a affaire à des personnes mineures et non pas à des intellectuels qui ont dépassé les ordres croissants et décroissants et la suprématie et notoriété de certains titres sur d'autres titres. C'était une image caricaturale et à la fois insultante. Regrettable. Daoud Allam