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La justice ! Ah, la justice !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 05 - 2019

Certains parmi les membres de la nomenclature se présentent pour la première fois de leur vie devant un juge. N'ayant aucune information précise sur ces affaires, je m'interdirais d'en parler en considération d'un principe intangible de la justice, celui de la présomption d'innocence. Néanmoins, je profite de cette occasion et alors que les projecteurs de l'actualité sont braqués sur les tribunaux et les prisons, pour évoquer mes propres mésaventures dans les prétoires, oh! des broutilles par rapport aux situations intenables vécues par d'autres confrères. J'ai connu des juges irréprochables mais aussi des magistrats sadiques qui n'ont aucune considération pour les justiciables. Leur inhumanité n'a d'égale que leur mépris des lois qu'ils sont censés appliquer et des personnes qu'ils doivent juger en leur âme et conscience.
La première convocation que j'ai reçue pour me présenter devant un juge date de l'année 1989. C'était assez surprenant car j'étais directeur de rédaction du quotidien Horizons, un journal gouvernemental ! On n'avait pas l'habitude d'être traînés devant les tribunaux et la chose paraissait incongrue. L'affaire: ayant eu vent des tractations pour vendre en catimini l'hôtel Saint-George à un groupe étranger, je charge le journaliste Aïssa Chenouf de mener l'enquête. Nos informations menaient à un gros ponte de la présidence qui serait le « commanditaire » de l'opération mais nous manquons de preuves. Aïssa me remet un papier complet que je publie accompagné d'une caricature montrant un cambrioleur emportant un sac d'argent provenant des coffres de l'hôtel. La direction de l'hôtel porte plainte et je me retrouve devant le juge d'instruction, dans l'un de ces bureaux poussiéreux du vieux palais de justice de la rue Abane-Ramdane.
Je connaissais chaque recoin de cette institution pour y avoir couvert de grands procès ayant défrayé la chronique et y avoir applaudi des plaidoiries de très haut niveau, presque sortis des films de ma jeunesse, à l'image des envolées d'un maître Bouzida ou d'autres stars du prétoire. Mais je n'avais jamais pénétré dans l'un de ces bureaux aux portes hermétiquement fermées le long d'un morne couloir. Le tribunal de Sidi M'hamed m'a toujours rappelé une œuvre littéraire marquante qui a donné un superbe film d'Orson Welles : Le Procès, long et éreintant cheminement dans la bureaucratie judiciaire qui confine à l'absurde.
Quelques mois plus tard, je reçus une convocation pour le procès. Il n'y avait encore aucune juridiction spéciale pour ce genre d'affaires et nous passâmes donc en correctionnelle. Notre passage se fit entre l'affaire du gars éméché qui logea sa voiture dans une vitrine et une sale bagarre entre deux voisines à cause du séchoir! Mais il y avait aussi du beau monde : maître Miloud Brahimi défendait Abdelhak Benhamouda pour je ne sais quelle affaire. Le syndicaliste eut un mot de trop et la juge le somma de se taire d'une manière brutale. L'illustre avocat intervint alors pour rappeler l'identité de son client : « Madame, vous parlez à trois millions de travailleurs ! »
L'avocate de l'hôtel Saint-George nous présenta comme des monstres n'ayant aucun scrupule, aucune morale, s'acharnant sur des gestionnaires honnêtes juste pour vendre nos canards. Elle s'attarda sur la caricature, pensant certainement que le voleur masqué du dessin représentait le directeur de l'établissement. Nos avocats furent brillants et c'est le bâtonnier Sellini, défendant Aïssa, qui eut le mot de la fin : « Au lieu de juger ceux qui voulaient brader la propriété publique, on juge ceux qui les ont dénoncés ! » Nous fûmes condamnés à verser des dommages pour la direction de l'hôtel. Mais nous fîmes appel. Je m'en sortis avec le versement du dinar symbolique.
Quelques mois plus tard, nous nous installâmes à la nouvelle Maison de la Presse pour une autre aventure journalistique sous le nom du Soir d'Algérie, premier quotidien indépendant post-88. La rédaction sportive carburait fort et beaucoup d'athlètes, de cadres et de dirigeants s'adressaient à nous pour faire connaître leurs problèmes. L'arbitre Bergui fit sensation. Il parlait de corruption au sein de la FAF ! Il évoquait également un détournement d'argent sous forme d'utilisations frauduleuses de billets d'avion, etc. Omar Kezzal porta plainte.
Le procès eut lieu quelques mois plus tard. Surprise : dans la salle d'audience, nous sommes trois titres traînés par la FAF devant ce tribunal. Outre Le Soir d'Algérie, comparaissaient les directeurs d'El Moudjahid et d'un quotidien sportif. Je me défendis en précisant que les paroles de Bergui étaient entre guillemets et que le journal n'avait rien à voir avec les accusations portées contre la FAF ! « La juge n'était pas de cet avis : tout ce qui est imprimé porte notre responsabilité. Je pris alors la parole pour rappeler à la juge que dans l'édition du jour du Soir d'Algérie, Bush (père) est traité de tous les noms par Saddam (nous étions en 1990). Supposons que le Président américain traîne le maître de Baghdad en justice pour ces insultes rapportées par notre journal, nous serions donc aussi responsables ? » Elle me répondit par oui, ce qui provoqua l'hilarité de la foule. Mais la dame demanda à me voir après le procès — et une autre condamnation! — pour me donner raison « dans le fond » mais « la loi reste la loi ». Bizarre que je sois tenu pour responsable des paroles de n'importe quel dictateur zinzin de la planète dont on aurait évoqué les excès de langage dans nos colonnes !
Au début des années 2000, et après un long hivernage, je revins à la presse avec deux collègues pour fonder un quotidien du soir en arabe domicilié à Annaba. Et pan ! Convocation au tribunal de Berrahal pour diffamation. L'article, une brève en provenance d'un correspondant, traitait de l'abandon d'une station d'essence par son propriétaire dans une zone infestée de terroristes. Le texte était accompagné d'une caricature montrant les lieux couverts de toiles d'araignées et sillonnés par des
rats ! Pas de chance avec les caricatures!
C'était le Ramadhan et nous devions nous présenter au tribunal de Berrahal à 8 heures. Nous y étions mais monsieur le juge et son équipe faisaient la grasse matinée. Ils ne vinrent qu'à dix heures passées et avec une humeur massacrante. Veillée et manque de cigarettes probablement. Ils furent odieux, nous traitant comme des moins que rien. Ce n'était pas la justice, c'était l'humiliation au nom de la justice. Ils n'avaient aucune considération pour les gens de la presse et, sans les appels au calme répétés de maître Salah Ketfi, j'aurais accompli l'irréparable!
L'avocate n'avait pas assez de mots durs contre moi et mon journal : « Vous traînez dans la boue de pauvres citoyens ! Vous les représentez sous la forme de rats, etc. » Paroles entendus et répétés. Les avocats font leur boulot et je ne leur en tiens pas rigueur.
La justice que j'ai connue, c'est cela mais c'est de la douceur par rapport aux souffrances de tant d'Algériens innocents auxquels je dédie cette chronique.
M. F.
P. S. : mon dernier « Après-vendredi» qui traitait des «restes de la bande» a paru simultanément avec la nouvelle de l'arrestation de M. Saïd Bouteflika et des généraux à la retraite Toufik et Tartag. Je dois préciser que la chronique a été rédigée avant la tombée de cette information. Je tiens à souligner ici que, si, pour moi, il est évident que M. Saïd Bouteflika fait partie des restes de la bande dont il constitue le chef ayant usurpé les fonctions de son frère, je ne me permettrais jamais d'émettre le moindre jugement sur des militaires de haut rang que je ne connais pas et dont je n'ai pas consulté le dossier. C'est une affaire militaire et, à ce titre, je n'ai pas la compétence d'en saisir la complexité. En plus, cinquante années et des poussières de journalisme m'ont appris à ne jamais tirer sur une ambulance.
Par contre, pour moi, les trois «B» font partie des «restes»... Et le peuple leur demande de partir, pas de dialoguer avec qui que ce soit, pas de s'occuper des élections... Juste partir !


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