La crise qui secoue l'entreprise des tracteurs agricoles (Etrag) d'Oued Hamimime, dans la commune d'El-Khroub ne semble pas trouver d'épilogue même après l'arrivée des enquêteurs dépêchés par le ministère de l'Industrie et des mines. Sans salaires, les travailleurs de l'Etrag sont en grève depuis le 7 avril dernier pour dénoncer la situation difficile que connaît l'entreprise. Selon le communiqué du syndicat, cette situation est la résultante de la prise de décisions unilatérales et abusives par la direction générale, pour «la mauvaise qualité du produit fabriqué à cause de la mauvaise gestion, l'injustice et la ‘'hogra'', la tentative de vente de l'outillage de l'usine, l'octroi des privilèges à des proches de l'administration générale, et la pléthore de gestionnaires». Les travailleurs qui accusent leur direction de mauvaise gestion, font état d'un important stock de produits en mévente. Ils avancent même le chiffre de 2 500 tracteurs. La section syndicale accuse également la direction générale de l'entreprise de licenciements abusifs à l'encontre des travailleurs contractuels. Cette situation les a poussés à décider d'une grève ouverte jusqu'au départ de l'administration générale avec certains cadres gestionnaires pour mettre un terme à la situation catastrophique de l'entreprise. Un mois après , la situation n'a pas changé et tend vers le pourrissement. Ils ont fermé jeudi dernier le tronçon de la RN 5 qui passe près du siège de l'entreprise en reliant El-Khroub à Constantine en réitérant leur revendication de départ du directeur de l'entreprise qu'ils accusent d'être à l'origine de la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'usine qui était destinée à être le fleuron de l'industrie mécanique. De son côté, le wali de Constantine, Abdessamie Saidoune, a révélé qu'il avait reçu dernièrement les membres de la section syndicale de l'Etrag et qu'il était intervenu en faveur des travailleurs pour demander au ministère de tutelle l'envoi d'une inspection dans cette entreprise. Les négociations ont été entamées avec la direction en présence des représentants de la wilaya et des membres du syndicat UGTA d 'El-Khroub la semaine dernière mais sans succès, ce qui va, sans doute, conduire à l'impasse devant le refus des protestataires à reprendre le travail. Comment est-on arrivé à cela ? C'est la question qui ne cesse de se poser au niveau de l'entreprise qui, il y a quelques années, soit en 2012, avait conclu un partenariat industriel et commercial avec AGCO Massey Ferguson, leader mondial dans la fabrication du machinisme agricole pour fabriquer des tracteurs en Algérie. Sauf que les prix de ces tracteurs sont coûteux et ne trouvent pas preneur en Algérie. De nombreux agriculteurs ont jugé ces tracteurs inadaptés à leurs besoins. La société publique algérienne et son partenaire américain peinent dans ces conditions à écouler leur stock de tracteurs invendus. L'on annonce un durcissement du côté des travailleurs cette semaine au cas où les salaires ne seront pas versés. Ilhem Tir