L'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, estime qu'une vraie transition démocratique vers un nouveau système politique ne peut être menée dans la précipitation. Son avènement nécessite du temps, tout un mandat d'un président de la République, démocratiquement élu mais pas à la date du 4 juillet fixée par le pouvoir. C'est ce qu'il propose en substance dans une contribution portant sur «l'itinéraire transitionnel», dont c'est l'intitulé, d'ailleurs. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - « A l'heure où l'ordre ancien agonise mais n'a pas rendu l'âme et où l'ordre nouveau peine à frayer son chemin, un grand débat national s'est imposé parmi nous. Celui-ci porte sur la problématique de la transition démocratique», écrit Benflis . Il estimera, en effet, que « la révolution démocratique pacifique a asséné des coups sévères à ce système mais elle est encore loin de l'avoir mis hors d'état de nuire». Dès lors, « notre pays se trouve, en conséquence, à un point de bascule mais le basculement vers la voie menant à la transition démocratique n'a toujours pas eu lieu. La raison en est double : l'approche purement constitutionnelle du règlement de la crise maintient l'ancien système en place et, du même coup, la longévité indue dont bénéficie ce système obstrue la voie devant mener à la transition démocratique que le peuple veut ». Puis, l'ancien chef de gouvernement s'explique : « Quelle est cette voie dont l'accès est actuellement obstrué ? C'est la voie du retour au processus électoral présidentiel. » Mais il ne manquera pas de prévenir : « Le retour à ce processus n'est pas la transition et il n'est pas même le début de la transition. Il s'agit tout au plus d'une phase préparatoire de l'échéance présidentielle dans les conditions de transparence, de régularité et d'intégrité réclamée par la révolution démocratique pacifique elle-même. C'est la tenue de l'élection présidentielle dans ces conditions exigibles et exigées qui marquera le début de la transition démocratique véritable .» Or, fera-t-il remarquer, « la tenue de l'élection présidentielle prévue pour le 4 juillet prochain ne remplit pas ces conditions ». Pour Ali Benflis, « la phase préparatoire de l'élection présidentielle devra durer le temps nécessaire – tout le temps nécessaire— pour être conduite à bonne fin . La faire durer au-delà des délais incompressibles mais raisonnables, c'est maintenir le pays dans l'instabilité et l'incertitude et l'exposer indûment à des dérapages ou à des dérives toujours possibles et souvent imprévisibles ». En d'autres termes, Benflis propose la tenue d'élection présidentielle, mais pas celle prévue pour le 4 juillet. Il suggère de la reporter mais d'une durée assez raisonnable, soit le temps de mieux la préparer. Cet intervalle nous séparant de la prochaine présidentielle, Benflis ne le considère pas comme une ou la transition. Il estime qu'une élection présidentielle est la solution la mieux indiquée, la moins coûteuse pour le pays. « Aucune autre option ne tient face à l'option de la présidentielle dont les avantages comparatifs sont d'une évidence difficilement contestable .» Aussi, « avec la tenue de l'élection présidentielle viendra alors le temps de la transition démocratique véritable. Ce sont ces élections elles-mêmes qui mettront en marche cette transition ». Ce sera au futur Président élu, « porteur d'un mandat présidentiel de transition », précisera Benflis , de conduire les véritables chantiers devant mener à de profondes réformes exigées par les Algériens. K. A.