Au mois d'août 2017, le gendarme qui était en faction au niveau du barrage fixe de Lakhdaria, était sûrement loin de se douter qu'en arrêtant un camion frigo, il allait démanteler un réseau international de trafic de drogue dont les tentacules s'étendent jusqu'à la Libye et la Tunisie. En effet, en cette soirée du 21 août 2017, lors d'un contrôle ordinaire d'un camion frigo, le chauffeur imperturbable répondait sereinement au gendarme en lui disant qu'il rentrait chez lui et que le fourgon était vide. Le gendarme, de par son expérience et juste en regardant les pneus, comprit que le camion ne pouvait être vide. Il demanda au chauffeur de descendre et d'ouvrir les portes du frigo. Et là, la grande surprise, les gendarmes découvrirent à l'intérieur près de 500 kilos de cannabis traité et prêts à être commercialisés. Une prise inattendue qui allait déclencher vite un autre plan savamment étudié dans les écoles de la gendarmerie. C'est qu'une telle quantité ne pouvait être la propriété d'une seule personne, d'autant que le chauffeur niera sur place être au courant de l'existence de cette marchandise à l'intérieur du camion qui appartient à une autre personne. Les gendarmes arrêtèrent le chauffeur et saisirent son téléphone portable dans l'espoir que le ou les complices allaient téléphoner lorsqu'ils auront constaté le retard mis par le chauffeur pour arriver à destination : c'est ce qu'il se passa. Quelques heures plus tard, les autres membres de ce réseau de trafic de drogue, car c'en était un, téléphonèrent au chauffeur pour s'enquérir de leur marchandise. Et là, tout a été préparé par les gendarmes qui détectèrent le lieu de l'appel et finirent vite par arrêter au niveau de la station service Al Hidhab située sur l'autoroute non loin de Sétif, un véhicule de marque Tiguan à bord duquel étaient installées quatre personnes toutes âgées entre 30 et 50 ans et natives de Bordj-Bou-Arreridj, Sétif, Tébessa et Bouira. Arrêtés sur place par les gendarmes dépêchés sur les lieux, les quatre individus finirent par, lors de leur interrogatoire, reconnaître la paternité de la marchandise et balancer le reste de la bande de ce réseau international constitué d'Algériens, de Tunisiens et de Libyens. Au total 12 personnes constituaient ce réseau dont six furent arrêtées et étaient présentées ce jeudi au box des accusés au niveau de la cour de Bouira. Six personnes dont le chauffeur B.C. Arezki et 5 autres : B.C. Abdeslam, B. Abderrazak, H. Boualem, M. Hachemi, G. Akram, devaient répondre des chefs d'inculpation de trafic international de drogue, commercialisation et vente illégale de drogue, atteinte à l'économie nationale. Lors de ce procès qui a duré plus de 10 heures, chacun des six prévenus cherchait à nier toute implication dans ce trafic international. Le camion frigo venait de la région ouest, depuis la frontière avec le Maroc, et la commercialisation devait toucher même les deux pays voisins que sont la Tunisie et la Libye. Le procureur général requerra la peine à perpétuité pour tous les membres de ce réseau, à savoir les six personnes arrêtées, ainsi que ceux qui sont en fuite et qui sont de nationalités étrangères, ainsi que les deux Algériens déjà identifiés et activement recherchés, G. Saber et H. Kaci. Après les plaidoiries des avocats, le verdict est tombé tard dans la soirée de jeudi, avec des condamnations à 20 ans de réclusion criminelle pour les 6 prévenus, alors que les deux autres en fuite ont été condamnés à la peine capitale par contumace. Y. Y.
