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Ben Badis aurait-il été le 23e ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 06 - 2019

Dire qu'on aurait pu avoir un 18e vendredi dédié à l'ex-Président égyptien Mohamed Morsi et au deuil islamiste s'il n'y avait pas eu la grave bévue de Gaïd Salah sur l'emblème amazigh. Je ne ferais pas l'injure au chef d'état-major de notre armée de croire un seul instant qu'il a été mal conseillé ou induit en erreur, ce serait accréditer l'idée qu'il est peut-être sous influence. Néanmoins, on est en droit de supposer que les supposés conseilleurs, qui ne seront pas assurément les payeurs, n'ont pas vu derrière l'arbre du drapeau amazigh l'omniprésente forêt arabe. C'est au nom d'une certaine idée du pan arabisme et du soi-disant éveil islamique qu'a surgi de cette forêt un nouveau slogan qui a vocation à rattacher Novembre au cheikh Ben Badis. Ceux qui se réclament aujourd'hui de ses enseignements et de son idéologie portent comme une marque au fer rouge leurs hésitations et leurs tergiversations à rallier la lutte armée. On ne peut que spéculer sur ce qu'aurait été l'attitude personnelle de Ben Badis, décédé en 1940, s'il avait été encore de ce monde à la veille du 1er Novembre 1954, mais celle de ses héritiers est connue. Tant qu'il y avait encore d'authentiques rescapés ou survivants du FLN-ALN pour leur damer le pion et leur rappeler où était leur vraie place dans le mouvement national ils se tenaient cois.
Mais avec la disparition progressive des témoins de cette période fabuleuse de notre histoire et les retraits ou reniements divers, les héritiers présomptifs de Ben Badis ont redressé la tête. Non contents d'attribuer la paternité de Novembre à un homme décédé 14 ans auparavant, et d'en faire le 23e homme (en plus des 22 historiques), ils rejettent le Congrès de la Soummam et celui qui leur a tendu la main. On ne s'étonnera pas de voir aujourd'hui les sections algériennes des Frères musulmans et les ulémas autoproclamés célébrer la mémoire de l'ex-Président égyptien Morsi. Tout comme on ne feindra pas la surprise, si demain et par un retournement probable de situation, on les voit aux premiers rangs pour refaire allégeance à un «Bouteflika» issu du sérail. Ne l'oublions pas : ces gens-là étaient avec Abou Soufiane, qui a combattu l'Islam avant de faire partie de l'élite de la nouvelle société musulmane, et de fonder une dynastie via son fils. Ils étaient déjà là lorsque Hind, épouse d'Abou-Soufiane et mère de Mu'awya, a extirpé le foie de Hamza, l'oncle et bouclier du Prophète de l'Islam, de son corps pour le dévorer par haine. C'est l'un des horribles méfaits des «Koreichites», adversaires de la nouvelle religion, qu'on nous a appris, enfants, en oubliant de nous préciser que Hind a fini comme une dame de la cour.
S'il n'y avait pas eu ce fâcheux dérapage sur le drapeau amazigh, on peut supposer que beaucoup plus de manifestants auraient participé à la «prière de l'absent» pour Morsi et par conviction. Ceux qui prônent le deuil pour Morsi ne sont pas plus démocrates que ce dernier, et ils n'ignorent pas qu'il a été élu non pas pour servir l'Egypte, mais le projet des Frères musulmans. Il a certes été élu démocratiquement, grâce à l'influence et à l'argent de son mouvement politique, mais la démocratie ne figurait nulle part dans le programme assigné par son parti. Affirmer aussi que Morsi a été victime d'un coup d'Etat militaire, c'est faire fi des millions d'Egyptiens qui ont manifesté contre lui et exigé sa destitution, actée finalement par l'armée. On sait que Mohamed Morsi est un dirigeant du deuxième rang dans le mouvement intégriste égyptien, mais ses amis politiques ont exploité à fond son décès pour en faire un martyr. Le quotidien émirati Al-Itihad rappelle d'ailleurs que Morsi a rabaissé la fonction présidentielle au point d'en faire un organe d'exécution au service du «Guide» des Frères musulmans. C'est sur les instructions du «Guide» qui n'avait pu se présenter lui-même, parce qu'il était interdit d'élection, en tant qu'ancien détenu, que Morsi a pris un certain nombre de décisions impopulaires.
C'est ainsi qu'en dépit du soutien américain, il avait nommé comme gouverneur de Louxor l'un des auteurs d'un attentat sanglant commis quelques années auparavant dans la même ville.
Il avait aussi montré trop vite son parti pris en matière de liberté de la presse en nommant des militants de la confrérie aux postes de direction des différents organes de presse publics.
Mais sa mort est devenue un fonds de commerce, exploité outrageusement par les différentes sections de l'organisation, conjointement avec les autorités du Qatar et de la Turquie.
Non seulement, ils ont élevé Morsi à la position de martyr de la cause islamiste, mais ils l'ont hissé aussi au rang des prophètes, comme l'a fait la journaliste yéménite Tawakkul Karmane.
Cette dernière, qui a reçu le prix Nobel de la paix 2011, ex æquo avec deux autres femmes, a repris la célèbre envolée de Nizar Qabani : «Nous t'avons tué, ô dernier des prophètes.» Or, Nizar Qabani s'adressait à Nasser qui venait de mourir et, à l'époque, les Frères musulmans avaient sévèrement condamné le poète syrien pour avoir déclamé ce poème. Encore une autre preuve de l'hypocrisie des Frères musulmans qui n'ont pas hésité à utiliser les vers d'un poète qu'ils vouaient et vouent encore aux gémonies, souligne Al-Itihad.
Ainsi regretter ou pleurer Morsi pour des Algériens qui manifestent aujourd'hui pour la démocratie et pour une vraie république, c'est prêcher le califat sous prétexte que Sissi est un dictateur.
De là à condamner l'arrêt du processus électoral de 1991 et à tenter de remettre en selle le Front islamique du salut (FIS), tout en stigmatisant les militaires «janviéristes». Un pas qui a été vite franchi au point que certains politologues tenteraient d'expliquer l'attitude actuelle de l'état-major par le souci de ne pas réveiller le traumatisme de 1991. Nous voici en plein dans la psychanalyse de casernes !
A. H.


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