A la signature de son contrat, le 17 août 2018, peu de gens avaient la foi de voir la sélection reprendre goût à la haute compétition. Belmadi, un tantinet capricieux, ne laissera apparaitre aucun doute sur son projet de faire renaître de ses cendres une équipe qui plongeait dangereusement vers l'inconnu. Le temps lui donne de plus en plus raison. Ses joueurs n'ont d'oreilles que pour ses speechs. Aigre-doux, Belmadi est un bon communicateur. Il transmet ses peurs et ses joies à ceux qu'il dirige. C'est un leader qui sait indiquer la voie à ses troupes. Au pas de charge, tel un chef militaire, mais aussi à la manière d'un guide spirituel. C'est également un fin bluffeur. Mercredi, il a joué avec les mots et les noms des joueurs des Lions de la Téranga pour offrir la réponse à la journaliste sénégalaise qui voulait seulement savoir s'il allait opérer des changements contre l'équipe de son pays, le Sénégal. Djamel Belmadi répondait ainsi pour que le message soit entendu par son ami d'enfance, dans la banlieue parisienne. Et Aliou Cissé qui a terminé sa grande carrière là où a créché l'Algérien, à savoir au PSG, semble avoir avalé la pilule. L'hameçon a même coincé dans la gorge du gentleman aux dreds, ses cheveux bien tressés qui n'ont pas séduit Atal et ses petits frères. Car Belmadi est aussi un fin tacticien qui n'a pas besoin de date-show pour expliquer ce dont il a besoin de ses hommes de terrain. La veille, mercredi donc, sur le terrain du Petrosport Stadium lors de la dernière séance d'entraînement avant la grande bataille, il a longuement accroché ses hommes de base, Mahrez et Feghouli, pour rabâcher ce qu'il voudrait d'eux, et d'eux en particulier, durant le combat contre les Sénégalais. Et le jour J, l'heure H, la minute M, ce duo a répondu à l'interrogation de ceux qui, depuis que les télévisions ont montré cette «indiscrétion» se demandaient de quoi les trois hommes parlaient. Là aussi, Belmadi a manipulé son monde. Une passe en profondeur de Mahrez pour Feghouli et c'est le box sénégalais qui saute : Belaïli qui n'était pas au-devant de l'image du mercredi accaparait tout l'écran quand il exécutait le portier sénégalais Mendy, d'un maître tir à l'entrée des 18 yards. De la pure fiction qui se transpose dans un espace réel. Cissé a appris la leçon et a marqué sa reconnaissance de la force tactique de son «ami». Belmadi n'est pas un extraterrestre. Il est Algérien et vit, même sur un sol d'emprunt, en Algérien. Lui et ses joueurs titillent les étoiles dans l'espoir de décrocher le Graal. Leur foi ne trompe personne. C'est le vrai capitaine de la sélection La promesse de M'Bolhi Faire parler Rais M'Bolhi n'a jamais été un jeu d'enfants. C'est l'un des rares qui ne s'exprime pas devant les caméras et les micros des médias. Par pudeur certainement, lui qui sait mieux que quiconque (c'est le plus âgé de tous les joueurs sélectionnés par Belmadi à ce tournoi) que le football se joue sur le terrain d'abord. Pourtant, jeudi dans la fièvre joyeuse, le gardien d'Al-Ittifak Saoudi a sorti quelques mots pleins de sens. «Le plus dur est à venir. Soyez sûrs que nous nous donnerons à fond, sans nous ménager, pour aller le plus loin possible dans cette compétition. Et si Dieu veut, on triomphera !», affirmait-il presque à demi-voix. Une belle promesse pour un gardien qui a tout connu depuis le match contre l'Angleterre un soir de juin 2010 à Cape-Town. Des exploits et des déceptions. Jeudi, il a signé sa 63e cape dans les bois de la sélection. Un nouveau record de longévité (Mehdi Cerbah a porté le maillot des Verts d'août 1975 à février 1986 à 62 reprises) pour celui qui a été l'homme du match face à l'Allemagne en Coupe du monde mais qui a souvent été critiqué à cause de la gestion de sa carrière que pour ses performances sur le rectangle vert. Trop esseulé sur son aile Mané n'avait pas faim S'il y a un joueur qui est passé à côté de son sujet lors de ce classique Algérie-Sénégal, c'est la star de Liverpool, sacré fin mai en LDC d'Europe, Sadio Mané. Absent lors du premier match face à la Tanzanie en raison d'une suspension consommée après les cartons reçus en qualifications, Mané a de nouveau manqué à sa sélection dans son duel de la poule C de ce premier tour de la CAN face à l'Algérie. Un début de match trop poussif, quelques accélérations sans issue puis rien. Mané qui a pris rendez-vous avec son camarade de club, l'Egyptien Mohamed Salah, pour la finale risque de ne pas pouvoir voir les huitièmes si… Aliou Cissé, son coach chez les Lions de la Téranga, ne s'en privera de tirer sur lui quelques fléchettes en reprochant aux deux hommes du couloir offensif, Baldé et donc Mané, un manque d'explosivité. Mané manquait-il simplement de fraîcheur ? Aurait-il perdu son appétit dès lors qu'il a remporté le titre européen chez les Reds lors de la seconde tentative ? Les Sénégalais se posent des questions sur leur star qui, d'habitude, n'a peur de personne ni d'aucun adversaire. A moins que le petit fennec, appelé Youcef Atal, l'eut asphyxié de sa dose de grinta. Mortel Atal ! M. B.