Certains d'entre nous affirment que l'on avancerait méchamment vers l'irréparable ! Le chef d'état-major, qui se montre de plus en plus sévère à l'égard de la rue dont il ne tolère plus les initiatives, affirme, comme s'il était déjà certain d'être reconduit à son poste ou même à mieux, que la lutte contre la corruption continuera après les élections. Comment avoir la certitude que personne ne sera tenté de frauder, que le scrutin, si scrutin il y a, ne sera pas entaché d'irrégularités et ne pas douter de la manipulation de ce dernier ? En regardant l'administration et ses hommes en bleu s'en prendre à tout ce qui bouge, on se pose de sérieuses questions sur ce que l'on prépare aux Algériens quand on ne frémit pas à ce propos. On a eu longtemps la certitude, en haut lieu, que tout fonctionnait à coups de matraque et que l'Algérien ne se soumettait que lorsqu'il prenait des coups. Sans doute y avait-il là une part de vérité. Qui résiste à la force finit par lâcher prise lorsqu'il ne bénéficie d'aucun soutien. Voilà pourquoi on ne s'explique pas que les choses ne soient plus ce qu'elles étaient jusqu'au 22 février dernier. Une date qui marque un autre moment de l'histoire du pays. Une indépendance nouvelle, mais qui s'inscrit en droite ligne de la première. Comme s'il avait été question de récupérer l'héritage de cette dernière. Une date à partir de laquelle plus personne ne s'est senti seul. Toutes les attentes courent, depuis, pour satisfaire un but commun. Et, durant le bras de fer entre la rue et ses gouvernants, chaque partie s'inventera les moyens qui siffleront la fin d'une séquence qui s'éternise. Et tandis que les réseaux sociaux renseignent, y compris sur les arrestations de militants mis au vert avant même qu'ils aient manifesté leur intention de marcher, le pouvoir s'entête à penser à la place de ses administrés et à continuer à vouloir leur imposer une vision de l'avenir qu'ils ne partagent pas. Il est désormais clair que le rejet par la rue des propositions qui lui sont faites n'est pas du goût d'une autorité qui paniquerait à l'excès et donne le sentiment d'improviser en y allant au jour le jour. M. B.