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La fraîcheur, la spontanéité et l'éclat des mots
Lis-moi de Amar Belkhodja
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 07 - 2019

Le nouveau livre de Amar Belkhodja : Lis-moi, raconte des choses simples, émouvantes, belles, poétiques. C'est un recueil de poèmes et textes littéraires qui permet à l'historien critique et sérieux de s'effacer courtoisement devant l'écrivain créateur et ludique.
En fait, l'auteur prolifique en recherche historique, et véritable arpenteur de la mémoire (sic), avait publié deux ouvrages dans la même veine : La Passion de l'autre (2008) et Nouvelles chutes (2012). Lis-moi est donc le troisième volet de cette trilogie entamée en 2008. «Trois recueils littéraires et poétiques qui chantent la femme avec des accents exprimés, somme toute, par un véritable idolâtre des belles, charmantes et merveilleuses créatures descendantes magiques de la mère de l'Humanité : Eve» (quatrième de couverture). Exercice vivifiant pour un écrivain qui a su naturellement trouver le meilleur moyen pour éviter la vieillesse mentale et pour garder intactes les propriétés essentielles au maintien de la jeunesse d'esprit. Amar Belkhodja est resté jeune parce que réceptif à ce qui est beau, grand et source d'émerveillement.
C'est le poète autrichien Rainer Maria Rilke qui a eu ses mots magnifiques, des mots de lumière : «L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde, pour l'amour de l'être aimé. C'est une haute exigence, une ambition sans limites, qui fait de celui qui aime un élu qu'appelle le large.» Le trait spirituel du poète autrichien éclaire avec une extrême netteté, pourrait-on dire, le regard de tendresse que porte Amar Belkhodja sur le monde et les êtres.
Pour lui, en effet, le cœur seul est poète, car le siège du désir, de l'humeur, de la passion, de l'intuition, des sentiments altruistes, de la conscience, de la vie intérieure et de la pensée intime, secrète. Une passion exclusive ne saurait, dès lors, être exprimée par le seul art poétique ou par une musique expressive, descriptive ou suggestive fut-elle.
Un supplément d'âme est nécessaire pour raconter l'aventure de Amar Belkhodja «avec le monde du silence» et sa rencontre avec la grande passion : «Un très grand amour, ce sont deux rêves qui se rencontrent et, complices, échappent jusqu'au bout à la réalité» (Romain Gary). Et quand la raison d'aimer, c'est l'amour et uniquement l'amour, «Dans le monde du silence/On n'a pas besoin de la parole/Pour dire des mots d'amour/Pour faire parler l'amour/Dans le monde du silence/On vit l'amour, uniquement l'amour» (poème ‘'Sans le mot''). Cela n'empêche pas de donner une réalité concrète par l'écriture à cet univers imaginatif vertigineux, laissant dialoguer entre eux les divers personnages qui existent en l'écrivain. Cette trilogie, aujourd'hui couronnée par Lis-moi, peut aussi se lire comme le journal intime d'un homme, d'«un poète qui rêve d'un monde empli de fleurs qu'on offre chaque matin qui se lève aux femmes qui ont, elles, de magnifiques roses qui parfument nos espaces et notre monde. Et comme l'a dit le poète Mohamed Belahrèche, ‘'sans vous les femmes, le monde ne serait qu'un sinistre désert''».
Le lecteur aura compris qu'il s'agit bien, ici, de poésie courtoise et de littérature chevaleresque, de celles qui exaltent subtilement l'amour tout en racontant parfaitement son histoire, sa magie et sa douleur. Et puis, il fallait un exutoire pour se soulager, et par où s'épanche la «déraison» de l'amoureux passionné. «Mais, pourquoi donc pour ses beaux yeux me suis-je planté devant une feuille.
La plume soudainement fertile et inspirée dont chacun des mots résonne comme un gong d'un temple aux échos si proches de l'au-delà, pour consigner ce que j'aime le mieux exprimer ; ce que je ressens le mieux pour les femmes qui ont le pouvoir et le don d'incarner le charme et la beauté. Non pas uniquement par leur physique, mais aussi et surtout parce qu'elles nous offrent discrètement, secrètement, du fond de leur âme, qu'elles savent véritablement nous dire ­— par un simple regard — qu'elles possèdent un signe révélateur d'une somme de tendresse et d'affection dont nous manquons et que nous espérons découvrir dans le hasard de nos quêtes, patientes, perpétuelles et souvent égales à toute la durée de notre existence et même dans l'au-delà si le miraculeux moment ne se produit pas sur terre» (Les yeux de Sarah). Grâce à ce «miraculeux moment» qui s'est produit — certes un peu tard, à l'âge de la maturité, mais quel événement heureux ! —, l'auteur a probablement médité tout le sens du proverbe russe : «L'homme est la tête, la femme le cou, et la tête regarde toujours dans la direction où le cou se tourne.» Pour Amar Belkhodja, tout s'est joué au début des années 2000.
A 60 ans, c'était la phase du «quitte ou double». Par bonheur, un déclic s'est fait, cassant la routine qui s'installe et le déclin de la vie : «Je fis irruption dans sa vie. Elle avait trente ans. J'en avait soixante. Le double. (...) Badr-el-Khouloud, la puritaine irréprochable, sera la victime d'une aventure sentimentale extraordinaire. Elle est jeune fille et l'homme dont elle s'amourache éperdument est marié. Il est père de cinq enfants. En plus.»
L'homme, alors en pleine maturité, est retourné à sa fraîcheur de perception de tout ce qui est la vie. Il est sorti de son hibernation pour se réaliser, osant franchir ses limites, se libérant et libérant son imagination créative, se lançant des défis personnels. Et, comme par hasard, le goût de l'action et la foi en l'homme contribuant à libérer l'écriture. C'est le propre d'un esprit prométhéen qui, depuis, ne cesse de rendre grâce à Khalida.
«Pourquoi je ne pourrai jamais oublier Khalida/Elle a marqué ma vie, la fin de ma vie,/Elle a donné du bonheur à ma vie/Le bonheur qui manquait à ma vie./(...) Pourquoi je ne pourrai jamais oublier Khalida/Parce que je l'aime/Parce que je n'ai jamais aimé et c'est elle que j'ai aimée sans pourvoir l'aimer pour tout le restant de ma vie./Parce qu'elle a quitté ma vie sans pouvoir quitter mon cœur.» Voilà, c'est dit aussi simplement que possible, et aussi poétiquement que possible.
L'amour, le vrai, est toujours tragique, dit-on. «Pourquoi aurait-il fallu que la nuit du destin, le 27e jour de Ramadhan qui correspond au 18 octobre 2007, mette un terme à mon destin sentimental ; celui-là qui, au cours des quatre dernières années, m'a offert plusieurs nuits du destin?» s'interroge l'auteur. Pour «celui qui porte le soleil dans le cœur» (Faridoddin Attar, cité par l'auteur) et qui reste emprisonné dans la geôle de l'amour, le miroir des souvenirs est le frère d'infortune, le compagnon d'exil pour l'éternité. Alors, «les feuilles mortes d'un automne humide, apparemment maussade et triste, ressuscitent pour éterniser la vie dans ce monde.
Les souvenirs, ceux des grandes amours, celles d'une forte et immense passion, remontent inévitablement du gouffre où l'oubli semblait les emprisonner à perpétuité.» Et c'est ainsi que le lecteur se trouvera entraîné, comme dans une variation pour piano de Mozart ou de Haydn, dans le torrent d'une composition littéraire formée d'un thème (l'amour) et de la suite de ses modifications mélodiques, avec changement de rythme dans la gamme infinie des nuances.
Il saura alors pourquoi «parfois, c'est ça aussi l'amour : laisser partir ceux qu'on aime» (Joseph O'Connor). Il se rappellera sûrement aussi le mot de Ali Ibn Abi Talib : «La femme est un scorpion à la piqûre agréable.» Ou encore le proverbe danois : «L'amour est un aveugle qui croit que nul ne le voit.» Et c'est Marcelle Sauvageot qui a eu ces mots d'une incroyable lucidité : «Vous pouvez tout faire, penser ou croire, posséder toute la science du monde, si vous n'aimez pas, vous n'êtes rien.» A la fin, le lecteur finira par saisir tout le sens et la portée de cet autre trait d'esprit : «Je ne sus jamais écrire que par passion» (Jean-Jacques Rousseau, écrivain, musicien et philosophe français).
«Aujourd'hui, quand Badr-el-Khouloud emprunte la route menant à Sougueur, elle fait escale au niveau de la montagne carrée. Elle va en pèlerinage vers l'endroit qui l'avait accueillie autrefois pour rendre hommage à la nature, au soleil, à la terre, à l'espace. Ces instants inoubliables, elle les aura vécus aux côtés d'un homme qu'elle n'oubliera jamais. Puis, elle va, aussi et surtout, se recueillir devant une tombe à proximité du mausolée de Sidi Abed (...).»
Sous la plume de Amar Belkhodja, ce sont les instincts humains basiques et sains, dans leur sainte ingénuité, qui se manifestent puissamment. C'est le retour aux valeurs fondamentales de l'être humain en ces temps de cynisme, de nihilisme, de médiocrité, de névrose et de dégénérescence intellectuelle. Lis-moi pense et rêve d'une société désintoxiquée et bien meilleure, veut-il nous dire tout simplement.
Hocine Tamou
Amar Belkhodja, Lis-moi. Poèmes et textes, Hibr-Editions, Alger 2019, 276 pages, 800 DA.


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