Ils ne doivent pas être très nombreux, les Algériens qui savent que Fatma-Zohra Zerouati était membre du parti… de Amar Ghoul. En l'occurrence, on tient déjà la première explication : les partis politiques algériens « appartiennent » à leur premier responsable, on ne va pas trop s'encombrer pour les désigner autrement. De toute façon, la difficulté à les identifier n'est pas une vue de l'esprit, puisque les Algériens ordinaires, c'est-à-dire l'immense majorité d'entre eux, n'arrivent même pas à en retenir les initiales, encore moins la signification de chaque lettre. Ils n'ont pas d'identité programmatique qui puisse les cataloguer dans les grands courants d'opinion qui font la classe politique de par le monde, ils n'ont pas d'idées-phares qui puissent les différencier des autres et ils n'ont pas de projet à partager tout en gardant leur autonomie de parole et d'action. Beaucoup ont dû découvrir donc Fatma-Zohra Zerouati dans son appartenance partisane. Passablement connue comme journaliste grâce aux miracles de la télévision, un peu moins comme ministre de l'Environnement et un peu plus parce qu'elle a gardé son poste après le départ de Bouteflika, mais personne n'aurait vraiment pensé à elle en évoquant le TAJ . Elle n'en a même pas le look qui viendrait spontanément la situer dans ce pan du conglomérat incolore et inodore qui fait office de classe politique, particulièrement dans sa déclinaison « Alliance présidentielle ». Et si personne ne la voyait chez Amar Ghoul, ce n'est pas seulement parce qu'au sein de ce parti, comme chez les autres, seul compte le chef. C'est que la dame n'a pas dû le crier sur tous les toits, il n'y a ni idées, ni programme, ni discours, ni projet. Il y a le président du parti et le… président tout court. Ceux qui servent d'état-major sont là parce qu'ils savaient, souvent à raison mais parfois à tort, qu'ils ont leur « chance ». Ça se décide ailleurs mais il faut bien un minimum formel qu'ils viennent chercher dans une structure que le chef a aussi conçue comme on demande à quelqu'un de vous aider à… l'aider. C'est quand même hilarant de ne découvrir que Fatma-Zohra Zerouati est « militante » de TAJ qu'au moment où elle allait en devenir la première responsable ! Comme on a découvert Bouchareb, Djemaï et certainement un autre qui va sortir du… parti d'Amara Benyounès, « comme on dit ». Est-ce que c'est amusant de voir que la ministre de l'Environnement a repoussé l'offre, alors qu'elle aurait sérieusement envisagé de l'accepter, avant que Bedoui ne lui dise qu'elle devrait choisir entre la présidence de « son » parti et son portefeuille ministériel ? Non, pas vraiment, parce que ceux qui renoncent à des responsabilités d'Etat pour se consacrer à leur entreprise politique se battent d'abord pour les idées, ensuite pour l'outil politique, seul à leur permettre de réaliser leurs objectifs collectifs et leur ambition personnelle. Madame Zerouati et les autres en sont loin pour plein de raisons, à commencer par le fait qu'ils ne doivent rien à leurs partis. Et ce n'est pas parce que leurs chefs sont en prison que ça a changé. S. L.