Ni les mises en garde de Gaïd Salah, ni l'armée de brosseurs envoyés en service commandé dans les rues, ni le pont aérien vers la capitale égyptienne ni l'extraordinaire liesse populaire après la victoire de l'Equipe Nationale en coupe d'Afrique, ni la canicule, ni les blocages de routes, ni le dispositif répressif de plus en plus volumineux n'ont ébranlé ou détourné la détermination des algériens à aller au bout de leur combat. Il restait le… dialogue qui, dans l'absolu, aurait pu bien tomber. Il faut bien une perspective politique au soulèvement populaire, il y a de plus en plus de difficulté — techniques — à en percevoir une représentation et partant, en faire un partenaire et de plus en plus de voix de l'intérieur qui sont en quête d'objectifs plus précis. Le problème est que rien dans l'attitude des nouveaux gouvernants n'est venu en exprimer une sincère volonté, en tout cas pas dans ce qui a été formulé jusque là comme «propositions». Plus que ça, il convoque les bonnes vieilles formules auxquelles il a toujours eu recours à chaque fois qu'il a été ébranlé dans ses certitudes de statu quo. Des petites recettes de grand-mère puisée dans la «vie ordinaire» et dont il est convaincu ou fait semblant de l'être, qu'il n'y a que ça qui compte pour ses administrés, pour lui définitivement installés dans la petite ambition. La formule est assez simple : il crée des problèmes qui n'auraient jamais du exister et lance dans la foulée des… solutions dont les algériens sont censés apprécier la générosité, voire le génie. On n'a jamais su comment il a fait pour que l'argent manque à… la poste pour que les salariés ne puissent pas accéder à leurs salaires à des moments cruciaux de l'année, puis il vient, triomphant, leur dire que… le problème est réglé. Il annonce sans vraiment le dire une augmentation du prix de l'électricité puis vient les rassurer qu'il n'en a jamais été question. A l'orée de chaque ramadhan, il leur «promet» la disponibilité de tous les produits alimentaires qui… n'ont jamais manqué et ne manqueront jamais. Et maintenant, depuis le début du mouvement populaire, il a créé, tout seul comme un grand, des problèmes vite transformés en… préalables qu'il consent à satisfaire pour faire passer sa feuille de route. Il se dit prêt à réduire le dispositif répressif qui n'avait aucune raison d'être déployé, prêt à «ouvrir Alger» qu'il ne devait pas fermer, prêt à libérer les prisonniers qui ont brandi l'emblème amazigh et Lakhdar Bouragaâ qui a exprimé ce qu'il pense et prêt à renforcer le panel du dialogue qu'il a choisi lui-même alors que personne ne le lui a demandé. En fait, il veut «son» dialogue, «ses» hommes pour le faire, et maintenant… ses préalables ! S. L.