Au commencement était cette bourde. Si c'en est vraiment une, ce qui est loin d'être évident, elle est vraiment monumentale : le pouvoir a commencé par désigner un groupe, a nommé son président et fixé un objectif unique. Les personnalités choisies ne pouvaient pas, formellement du moins, parler dans les mêmes termes que ceux qui les ont appelés, ce serait trop flagrant, le comble, peut-être. Alors ils ont pris sur eux — enfin, disons les choses ainsi — de prendre «l'initiative» d'élargir le panel. Messieurs Karim Younès et Smaïl Lalmas, les deux membres les plus visibles et les plus audibles du comité, ont même poussé plus loin, en suggérant que les portes sont grandes ouvertes à toutes les bonnes volontés qui veulent intégrer le groupe et y apporter leur contribution. Le procédé est un peu court. D'abord parce qu'il est connu surtout pour être pour ce qu'il suppose : un premier collège de femme et d'hommes triés sur le volet, puis — éventuellement — «l'élargissement» à d'autres membres auxquels on n'a pas pensé en «première intention», un peu comme on propose à quelqu'un de partager un repas de fête parce qu'il… passait par là. Il n'est pas invité mais il peut se joindre aux convives ! L'analogie est de pure forme, parce que les passants devant une maison en fête peuvent avoir faim et ce n'est pas vraiment d'agapes qu'il s'agit dans le dialogue. En l'occurrence, ça aurait pu être une question d'importance capitale, si la volonté politique, les objectifs, le choix des hommes et le procédé technique étaient à la hauteur de la situation et des enjeux actuels pour le pays. Justement, s'agissant des objectifs, puisque Bensalah et Gaïd Salah n'arrêtent pas de nous dire que le seul objectif est l'organisation d'une élection présidentielle dans les délais les plus courts, il est question de… dialoguer de quoi ? N'aurait-il pas été plus simple d'installer cette fameuse commission d'organisation du scrutin et en finir, du moins avec les intentions du pouvoir ? Et puis s'il n'y avait que le choix d'un nouveau Président pour faire le bonheur des Algériens, n'est-ce pas qu'on a déjà vécu cette «sommation» pour le début du mois de juillet ? Nous voilà donc à la case départ, avec de nouveaux indices que cette entreprise de dialogue est mal partie. Il n'y a pas d'élargissement du panel, ce qui érode un peu plus sa crédibilité. Le «référendum» de la rue a été sans appel, des personnalités et pas des moindres ont décliné l'offre avec des arguments différents mais se rejoignent et Gaïd Salah vient de signifier, sur un ton qui se passe de commentaire, à Karim Younès que même le «minimum syndical» de ce qu'il a formulé comme «préalables» avec le reste du groupe est inenvisageable. Si le panel se retire, c'est un autre revers, sinon les choses deviendraient plus claires. S. L.