La réunion du RND d'avant-hier avait, certes, son caractère « traditionnel ». Un rendez-vous « convivial » dans la foulée de l'Aïd dont tout le monde sait que c'est toujours un prétexte à quelque chose de plus « sérieux », si le mot n'est pas trop mal venu dans le cas précis. Cette fois, il s'agissait, pour Mihoubi, de « rassurer les siens », une fois évacuées les embrassades de circonstance. Le nouveau factotum du RND voulait donc rassurer, lui qui devait plutôt s'inquiéter que ni le « prétexte ni le « sérieux » n'ont fait venir du monde, l'obligeant à discourir devant une assistance rachitique et pas vraiment sereine quant à l'avenir du parti. Et ce n'est pas le propos où il en dit trop ou pas assez qui va revigorer ses « militants ». Comment leur dire que « personne ne peut exclure le RND » de l'initiative politique et en même temps « soutenir le dialogue », sachant que c'est de l'intérieur du panel qu'est venue, cette fois-ci, la suggestion d'exclure les « partis de l'Alliance » de tout le processus en cours, après avoir été une revendication majeure du mouvement populaire ? Comment « se féliciter du changement dans le bon sens » opéré au sein du panel en abandonnant l'idée de transition - rejetée par l'armée - au moment où le panel suggérait justement une formule intermédiaire de compromis… dans la foulée de la « promesse » de tenir à l'écart, le RND, le FLN, TAJ et le MPA ? Ce n'est pas sûr que Mihoubi ait des réponses à toutes ces questions. Il se peut même que ce soit bien plus compliqué d'y répondre lors du prochain rendez-vous qu'il a donné à ses cadres, sans d'ailleurs en fixer une date précise. On ne sait pas si c'est concerté ou c'est seulement une coïncidence de calendrier mais c'est le même jour qu'a choisi Djemaï pour réunir le « bureau politique »— décidément, il faudra tout mettre en parenthèse avec ces gens —du FLN. Lui, ce n'est pas seulement son parti qui a des problèmes, il… est personnellement un problème pour sa structure ! Et comme plus on est inquiet, plus on fait le paisible, il ne s'encombre pas d'état d'âme. Ses casseroles sont trop bruyantes, il s'en prend aux… corrompus. On lui rappelle qu'il a été un soutien zélé de Bouteflika, il rétorque qu'il soutient aussi le chef d'état-major de l'armée parce que lui, il s'engage avec « l'Etat, pas avec les personnes » ! La preuve, tous ceux qui le contestent sont des ennemis du FLN. Et il ne vous laisse même pas le temps de lui rappeler que les « ennemis du FLN » sont les millions d'Algériens qui le disent dans la rue, puisqu'il est déjà dans ses… propositions de sortie de crise ! Une « conférence nationale » consacrée aux jeunes, 4 conférences régionales » pour « écouter les préoccupations du citoyen », des suggestions de mesures sociales parce que les temps sont durs pour beaucoup d'Algériens… Il s'en prend même à ceux « qui n'ont aucun ancrage populaire » ! Bien sûr, comme Mihoubi, il ne parle pas de l'essentiel. Et ce n'est pas seulement parce que personne parmi l'assistance ne le lui a demandé. Quand Djemaï dit qu'il soutient l'institution militaire parce que cette dernière… soutient les revendications populaires, le commentaire devient dérisoire. S. L.
