Certaines bouches dégagent une haleine fétide, mélange atroce de… … Cuir et de cirage ! Fallait-il pondre un tel démenti ? Le démenti qui confirme la thèse des scientifiques : lorsque tu es pris dans des sables mouvants, il est inutile, voire plus dangereux encore de te débattre violemment, de bouger dans tous les sens, de gesticuler. Parfois, en ne faisant rien ou presque, en détendant juste tes muscles, tu peux te sortir de ce bourbier. Le ministère de la justice, en tentant de démentir le fait que l'on ait imposé à la détenue d'opinion, à la détenue politique Samira Messouci le port du voile pour accéder à des soins, s'est enfoncé plus profond dans les sables mouvants. Comment et pourquoi ? En commettant ce paragraphe du démenti qui restera «culte» dans la «culture carcérale» et dans le monde du 21e siècle. Lisez ou relisez plutôt ce «fameux» extrait : «(…) tout ce qui a été demandé à madame Samira Messouci, c'est de se couvrir la tête durant le passage devant l'aile réservée aux hommes durant son transfert au tribunal (…)». J'ai hésité de longues minutes avant de commenter ce «morceau d'anthologie». Comme groggy sous l'effet d'un uppercut. Sonné, au tapis. Mais je n'aime pas les tapis ni l'odeur et le goût de la poudre antidérapante que l'on met dessus pour permettre aux boxeurs de ne pas glisser. Donc, je me suis relevé, et aussitôt, j'ai ouvert la fenêtre. Pourquoi ? Parce que j'habite en face d'une institution étatique et je tenais absolument à vérifier un truc. J'ai refermé ma fenêtre après cette vérification nécessaire. Non ! Sur le fronton de cette administration, l'inscription n'avait pas changé. Il y était toujours écrit en arabe, en tamazight et en français «République Algérienne Démocratique et Populaire». Et pas R.I. ! «République Islamique». Du moins pas encore. Quoi que ! Quand tu lis le «démenti» de la justice, tu doutes, forcément. Et puis, t'as surtout envie de plonger ta tête dans l'évier et d'y rendre tes tripes. Vomir de ce qu'est devenue l'Algérie de Hassiba Ben Bouali, de Djamila Bouhired et de toutes ces héroïnes de la guerre de libération que la France a torturées, a assassinées, mais, paradoxalement, n'a jamais contraint au port du voile lorsqu'il leur arrivait de passer devant l'aile réservée à leurs compagnons et frères d'armes. Les sables mouvants ? Nous sommes en plein dedans ! Et nous nous débattons tellement que bientôt, très vite, la boue jusqu'aux oreilles, nous ne pourrons même plus ouvrir la bouche pour fumer du thé et rester éveillés à ce cauchemar qui continue. H. L.