Il ressemble au personnage du très beau film Mondo de Tony Gatlif, alias Boualem Dahmani, inspiré d'une nouvelle de J.M.G. Le Clézio. Sauf que lui est beaucoup plus âgé, a réellement existé et vécu à Alger, pas à Nice. L'homme venait de temps en temps à la maison de la presse Tahar-Djaout d'Alger. On ne savait pas d'où il venait et où il allait le soir. Il avait les cheveux blonds, un regard un peu mélancolique parfois et les yeux clairs juvéniles. C'était un poète ! Ses poèmes, en arabe et en français, étaient écrits au crayon, comme autrefois. Le jour de sa mort, la télévision publique algérienne diffusa un documentaire sur cet attachant personnage. Les gens ont su alors qu'il s'appelait Abou Ilias et qu'il avait largement dépassé les 80 ans. Après avoir vu ce documentaire, les gens ont également appris qu'il était pensionnaire d'un asile pour personnes âgées. Ils l'ont vu aussi sur les bancs de l'université, lui, à l'âge de 84 ans, avec des étudiants plus jeunes que lui d'une soixantaine d'années. «Je m'étonne de votre étonnement en me voyant faire des études…», répondit-il au réalisateur du film documentaire. Abou Ilias est resté jeune, amoureux de la vie et d'une femme durant toute sa vie. En Amérique, on aurait fait un grand film de fiction sur lui. K. B. [email protected]