Le Collectif autonome des médecins résidents algériens a réagi à l'incendie survenu, mardi dernier, à l'EPH d'El Oued où huit nourrissons ont péri. Le Camra qui appelle à situer les responsabilités, relève des défaillances au niveau du service mère-enfant de cet hôpital et pointe du doigt le ministère de la santé. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Les mesures prises par le ministre de la santé, suite à l'incendie survenu à l'EPH d'El Oued, ont fait sortir le Collectif autonome des médecins résidents algériens de ses gonds. Mohamed Miraoui a, pour rappel, décidé de la suspension du directeur de la santé de la wilaya d'El Oued ainsi que le directeur de l'établissement hospitalier mère-enfant et du responsable de la permanence. Le Camra qui a rendu public un communiqué qualifiant ces mesures de «poudre aux yeux, qui ne situent pas les responsabilités et surtout qui visent uniquement à calmer la colère populaire». À travers ces solutions de «bricolage» dit le Camra, le ministère de la santé «poursuit sa fuite en avant». Ceci se traduit, estime encore le collectif, par la décision du ministère de se constituer partie civile contre les travailleurs dans cette affaire, «alors que leurs responsables sont les premiers qui devraient êtres jugés». Pour remettre les choses au clair et «lever le voile sur certaines vérités», le collectif a rappelé que le même service a déjà connu il y a quelques mois deux incidents similaires dont l'origine était une défaillance dans le système électrique. Selon la même source, depuis, rien n'a été fait pour trouver une solution alors que le ministère de la santé et la Direction de la santé de la wilaya ont été mis au courant de la situation. Pis, le service maternité ne répondrait pas aux normes de sécurité selon le collectif. «Le service dispose d'une seule entrée qui mène vers quatre chambres surchargées sans aucune issue de secours, il y a un manque d'aération et les murs du service sont en plaque PVC, une matière facilement inflammable», souligne-t-on. Le Camra ne s'arrête pas là. Selon lui, le service est dépourvu de système d'alerte incendie et d'extincteurs. L'organisation explique que «la structure dispose d'une seule bouteille d'extinction et elle est périmée, et c'est la raison pour laquelle l'équipe de garde a eu recours au sable pour tenter d'éteindre les flammes». Pour mettre les familles des victimes et l'opinion publique dans le décor, le collectif explique aussi que la chambre qui a été la plus touchée par l'incendie était la chambre consacrée aux prématurés. Un endroit, souligne-t-on, où l'on utilise un taux d'oxygène élevé pour permettre à ces nourrissons prématurés de respirer, ce qui a aidé les flammes à se propager en quelques minutes. Le Camra qui dit s'interroger sur les raisons pour lesquelles le ministre de la santé «a omis de souligner que l'équipe de garde de la maternité, médecins et paramédicaux, était une équipe cubaine, estime que les poursuites judiciaires n'ont touché que les employés non concernés par le service, à savoir les agents du laboratoire des analyses, le médecin-réanimateur, les agents anesthésistes, l'équipe du service chirurgie, l'équipe paramédicale du service d'accouchement et les employés ayant participé à faire sortir une dizaine de nourrissons des flammes. A souligner que le personnel de l'EPH d'El Oued a déclenché un mouvement de protestation justement pour dénoncer les mesures judiciaires prises à l'égard de leurs collègues. S. A.