Ils sont parfois les mêmes qui se tordent de douleur que les algériens vivent leur soulèvement dans une insoutenable solitude, avant de pousser des cris d'orfraie quand de quelque part dans le monde, nous parvient un mot de solidarité, quand ce n'est pas simplement un regard détaché d'un citoyen universel préoccupé par ce qui se passe sous un lointain pan du ciel. Le quiproquo, si c'est vraiment de ça qu'il s'agit, est basique, en ce sens qu'il réside dans une confusion due à des erreurs d'appréciation souvent, à dessein parfois. Entre l'expression d'un regard «étranger» ou une position de principe par rapport à un événement survenu dans le monde et les ingérences d'Etat, souvent véhémentes et subversives, il y a plus qu'une nuance qu'on «oublie», avec la même différence dans les motivations. L'Irak, la Libye, la Syrie et plus loin de notre sphère géographique, le Venezuela, ne sont pas un exemple de réussite. C'est le moins qu'on puisse dire, puisque les interventions occidentales dans ces pays, non seulement n'ont pas atteint les objectifs officiellement déclarées mais elles ont charrié des tragédies dont l'essentiel de ces pays peinent à se relever. En l'occurrence, on n'a même pas besoin de faire dans la pédagogie politique pour apprendre que les grandes puissances sont d'abord mues avant tout — si ce n'est exclusivement — par leurs intérêts. Non seulement ces intérêts ne coïncident pas toujours avec les prétentions d'aide à l'instauration de régimes légitimes et démocratiques dans les pays en question mais ils les contrarient. Plus les régimes sont autocratiques et corrompus, plus les intérêts de ces puissances sont à l'abri. Ils prétendent le contraire, mais ce n'est pas avec des pouvoirs légitimes et démocratiques, donc promis au développement, que les puissances occidentales envisagent leurs relations avec ces pays. On comprend dès lors que les peuples qui ont eu à vivre ces situations insurrectionnelles, qu'elles se déclinent sous formes de guerres civiles, de colères sociales ou de soulèvement pour un changement radical, en soient échaudés, parfois jusqu'au traumatisme. Ce n'est pas pour autant que toutes les voix qui résonnent depuis la déclaration de la vice-présidente de la commission des droits de l'Homme du parlement européen sur l'Algérie sont compréhensibles. Elles sont l'émanation de sincères appréhensions, d'une gentille paranoïa qui a la peau dure ou d'une énième diversion qui vise à détourner l'attention de l'essentiel. S. L.