Quand on les regarde faire étalage d'autant de médiocrité, on réalise combien la lutte pour neutraliser celles qui persistent à creuser nos tombes est loin d'aboutir. Comment expliquer, aux pathétiques gardiennes du temple qui se ruent sur les plateaux télé réactionnaires, que les pelletées qu'elles donnent enseveliront d'abord leurs espoirs à elles. Tristes reproductrices d'un système patriarcal décadent qui rivalisent d'ignorance, mais voudraient pourtant éclairer l'opinion sur les avantages qu'offrirait la polygamie sans avoir conscience des dangers de la résignation. L'énorme fossé creusé entre Algériens par l'ignorance, l'opportunisme et la soumission est régulièrement illustré par celles qui savent ce qu'il en coûte de subir les recommandations douteuses d'un système qui asservit et s'oppose à toute forme d'émancipation. Comment convaincre ceux qui ne veulent pas l'entendre en ces termes, que celui qui impose l'obéissance aux femmes est le frère jumeau de celui qui refuse de transmettre le flambeau à une plus grande échelle ? Elle est ainsi la médiocrité de ceux qui exigent autant des hommes que des femmes en voie d'inféodation et passent leur temps libre, ils en ont beaucoup, à réfléchir comment régner sournoisement sur une nation qui douterait de leur capacité à faire, au mieux, acte d'autorité. Difficile d'associer un film comme Papicha, sa réalisatrice et les actrices qui le portent à un combat porté différemment et qui oppose des femmes censées avoir évolué dans une ambiance sociale, culturelle et cultuelle identique ? Il y en a qui se font discrètes. Elles sont programmées pour n'apparaître qu'en temps opportun, lorsqu'il faut promouvoir une idéologie, s'allier à une force ou prêter une main intéressée à une démarche. Faire une telle démonstration de soumission à un polygame, c'est jouissif à un point que les hommes n'oseraient pas imaginer. Il paraît que cela relève de la solidarité musulmane. Adapter ses propos au discours ambiant, ce n'est, à vrai dire, pas l'esprit des combats qui sont menés et au cours desquels l'on apprend que l'on a le sort que l'on mérite et sûrement pas en brossant dans le sens du poil. M. B.