Ali Tadjer nous a quittés à l'âge de 89 ans. Pugnace et optimiste, il a toujours dit qu'il a vécu une belle vie. Né à Douéra le 12 juin 1930, Ali Tadjer fait très tôt du scoutisme. Il deviendra, dans les années 1970, un membre de la direction des Scouts musulmans algériens. Nationaliste, il est membre du FLN et s'engage dans le combat pour l'indépendance de l'Algérie. C'est dans le feu de ce combat qu'il fera la connaissance de Jacqueline Orengo qui deviendra son épouse et la mère de ses enfants. Cette dernière, engagée elle aussi dans le combat pour l'indépendance de l'Algérie, sera arrêtée à Oran au cours d'une mission pour le FLN et purgera deux années de prison. Après l'indépendance, Ali et Jacqueline Tadjer s'installent à Hussein-Dey avec leurs filles Salima et Meriem, âgées de quelques mois. Jacqueline est professeur de français au lycée Hassiba-Ben-Bouali de Kouba puis au lycée Abane-Ramdane d'El-Harrach et Ali cadre à la Direction de la jeunesse et des sports de la wilaya d'Alger. Ali, dont la valeur et l'expérience notoires sont appréciées de tous, a connu une progression très lente dans sa carrière. Ce n'est qu'à la proximité de la retraite qu'il sera nommé directeur de la jeunesse et des sports dans la wilaya de Ghardaïa. Ali est resté un membre actif des SMA. Il est resté aussi un militant sincère du FLN, dans l'esprit du parti qui s'est battu pour l'indépendance du pays. Mais il était ouvert. Dans les années 1970, alors qu'il nous recevait chez lui, nous jeunes lycéens qui apprenions à faire du théâtre, il écoutait nos analyses critiques du FLN avec compréhension, sans jamais user de ce paternalisme insupportable des gens de sa génération. En éducateur, il savait que chaque génération invente sa façon de voir le monde, sans nécessairement prendre l'héritage des anciens aveuglément. Ali et Jacqueline, et leurs enfants, entretemps Ali-Cherif a rejoint Salima et Meriem, sont la générosité même. Leur maison de Hussein-Dey était ouverte à tous ceux qui en avaient besoin. Personnellement, je dois presque tout à Ali et Jacqueline Tadjer. Ils m'ont accueilli, recueilli même, et c'est avec eux et chez eux que j'ai appris à concevoir la vie d'un point de vue constructif et qu'aider les autres, autant que l'on peut, c'est participer à la construction d'un nous collectif harmonieux. Ali était aussi un amoureux de l'Algérie. Ancré dans la culture algéroise, c'était un fin mélomane et un connaisseur du chaâbi. Pour autant, toute la culture algérienne le faisait vibrer, ainsi que tout ce que l'humanité produit de vrai et de beau. Ali était un être charismatique. On le remarquait par la finesse de son humour et par son rire. Ali Tadjer était un véritable être de lumière qui a répandu le bien autour de lui toute sa vie. Il a dû être heureux de voir cette jeunesse du Hirak se soulever pour son émancipation comme lui, dans sa jeunesse, il s'est levé pour libérer l'Algérie. Je perds en lui, un ami, un grand frère, un second père. Je m'associe, bien entendu, à la douleur de Jacqueline, son épouse, ses enfants Salima, Meriem, Ali-Cherif, Nawal et Fateh. Arezki Metref