Le 37e mardi de la contestation estudiantine, le premier de ce mois de novembre de la Révolution, a été une occasion pour les manifestants, dans plusieurs villes universitaires du pays, de réclamer l'indépendance de la justice et d'apporter leur soutien aux magistrats en grève. Ils ont condamné la répression qui s'est abattue sur les hommes de loi à l'intérieur du tribunal d'Oran, investi par les éléments de la Gendarmerie nationale. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les étudiants, rejoints par les citoyens, ne décolèrent pas. Hier, à l'occasion du 37e mardi de leur contestation, ils ont lancé des slogans en faveur de l'indépendance de la presse et de la justice, exprimant leur soutien franc aux magistrats en grève. Les manifestants, mobilisés en grand nombre à Alger, ont dénoncé la répression dont ont fait l'objet les juges et condamné l'intrusion des forces de sécurité à l'intérieur de la cour d'Oran. «La justice n'est pas à humilier», ont-ils scandé longuement, en s'en prenant au ministre Belkacem Zeghmati. Les manifestants, qui ont parcouru les rues de la capitale, ont appelé les magistrats à poursuivre leur mouvement et marche vers l'indépendance de la justice, leur demandant de «ne pas avoir peur des bandes au pouvoir». «Oppression et violence : seules options du système pour caporaliser la révolution populaire», lit-on sur une pancarte d'un citoyen. La marche d'hier à Alger a été impressionnante. Elle s'est déroulée dans un climat tendu. C'est à 10h30mn qu'elle a été entamée à partir de la place des Martyrs. La procession a emprunté le parcours habituel. Mais en arrivant à la rue Ali-Boumendjel, à quelques dizaines de mètres de la statue de l'émir Abdelkader, une partie des manifestants a dévié le parcours, bifurquant dans les ruelles étroites de la rue Tanger, dans l'espoir de porter la contestation au siège de l'APN où a été présenté, le matin, le controversé projet de loi sur les hydrocarbures. L'autre partie des manifestants a poursuivi le parcours habituel. Les marcheurs, qui ont exprimé leur opposition au texte du gouvernement, ont été bloqués et bousculés, dans un premier temps, par un imposant dispositif sécuritaire dont certains cordons ont été forcés par les manifestants. Cela avant que les forces de l'ordre ne reçoivent l'instruction de céder le passage. En arrivant devant le siège de l'APN, du côté de la rue Asselah-Hocine, les protestataires ont observé une halte, appelant à la dissolution du Parlement et au retrait du projet de loi sur les hydrocarbures. Ils ont chargé les députés et les tenants du pouvoir. «Le peuple veut l'indépendance», ont-ils lancé à tue-tête sous les regards intéressés des passants et des policiers. En poursuivant la marche, les manifestants croisent à nouveau ceux dont ils se sont séparés à la rue Ali-Boumendjel. Les deux cortèges se croisent en bas de la Grande-Poste, à proximité du jardin Mohamed-Khemisti. Aux cris rejetant l'élection présidentielle du 12 décembre, les manifestants ont poursuivi la marche en exigeant le départ de toutes les figures du système et la libération des détenus du mouvement citoyen. Ils ont parcouru le boulevard Amirouche et la place Audin, avant d'arriver à la Grande-Poste où ils se sont dispersés dans le calme. K. A.