S'il y a une voix qui ne s'est pas fait beaucoup entendre pendant la campagne électorale pour la présidentielle, c'est bien celle des partis politiques. Ceux qui sont en faveur du respect de l'agenda tracé se sont fait plus discrets que ceux qui s'y opposent. L'activité de certains d'entre eux s'est limitée à des rendez-vous organiques sans prises de position publiques. La conjoncture politique leur a imposé une hibernation forcée. Nawal Imès- Alger (Le Soir)-Les temps sont visiblement durs pour la classe politique. Déjà pas très visibles depuis plusieurs mois, la campagne électorale a fini par réduire certains au simple rôle de spectateurs. Les partis de la désormais ex-Alliance présidentielle n'ont pas été épargnés. Soutien passif au FLN, silence radio chez le TAJ et le MPA Habitués à jouer les premiers rôles à l'occasion des rendez-vous électoraux qu'a connus le pays ces dernières années, les partis de l'Alliance, qui a volé en éclats, se retrouvent aujourd'hui à se contenter de celui de simples figurants. Ni le FLN, ni encore moins le MPA ou le TAJ n'ont présenté de candidats. Privés de leurs premiers responsables, tous incarcérés, aucun de ces trois partis n'aura réussi à s'en remettre, encore moins à reprendre la place qui leur était accordée auparavant. Le MPA de Amara Benyounès et le TAJ de Amar Ghoul tentent aujourd'hui encore de sortir d'une situation de vide organique. Le FLN a, quant à lui, difficilement réussi à placer un intérimaire à la tête du parti. Depuis que ce dernier a pris la tête du parti, ce parti n'existe qu'à travers une vie organique au minima. Tout au long de la campagne électorale, le parti a hiberné tout en tentant de maintenir une cohésion de façade. Le FLN a tardé à faire connaître sa position vis-à-vis des élections. Sa direction s'était contentée, dans un premier temps, d'appeler sa base à se mobiliser pour la réussite du rendez-vous électoral. Face à l'indiscipline de certains de ses militants qui se sont clairement positionnés en faveur d'un des candidats, le parti a dû faire un rappel à l'ordre, appelant à une plus grande discipline dans l'attente des consignes. Il aura fallu attendre la dernière semaine pour que le secrétaire général par intérim dévoile enfin le nom de celui sur qui le choix s'est porté. C'est finalement Azzedine Mihoubi qui bénéficiera du soutien du FLN. Un soutien passif puisque le parti n'a nullement fait campagne en faveur du candidat de son frère ennemi, le RND. Ce dernier fait figure d'exception. Avec un candidat engagé dans la course pour la présidentielle, le parti a mobilisé ses troupes pour assurer à son secrétaire général par intérim le soutien qu'impose une campagne électorale. Le Hamas et le FJD disent non Du côté des islamistes, c'est le boycott qui prédomine. Le parti de Abderrezak Makri et celui de Abdallah Djaballah n'ont pas fait dans le mystère. Avant même le lancement de la campagne électorale, ils s'étaient clairement positionnés contre la tenue de l'élection présidentielle dans les conditions qui prévalent. Pour Abderrezak Makri, pas question de cautionner un agenda pour lequel ni les conditions politiques, ni celles purement techniques ne sont réunies. Pas question pour Makri de cautionner un processus qu'il dit entaché d'irrégularités. Le parti a néanmoins adopté une position passive pendant la campagne. Il n'a mené aucune action en faveur de l'option pour laquelle ses instances ont tranché. C'est un boycott passif que Hamas a choisi, désertant le terrain de l'action politique. Au Front pour la justice et le développement (FJD), le boycott a également été motivé par l'absence totale de garanties. Abdallah Djaballah n'a pas souhaité être candidat, mais avait laissé planer le doute sur l'éventualité d'un soutien en faveur d'un candidat «consensuel». Il a vite déchanté à l'annonce de la liste des candidats ayant reçu l'aval du Conseil constitutionnel. Finalement, son parti n'accordera son soutien à aucun postulant. Il prédit même un large boycott de l'élection. Le RCD, le FFS et le PT sur le terrain de la contestation Pas d'ambiguïté au sein du RCD, du Parti des travailleurs ou du FFS. C'est un non franc à la tenue des élections qui est exprimé. Les directions des trois partis sont fortement engagées dans le mouvement populaire. Elles sont présentes lors des marches du vendredi mais également celles du mardi, appelant à l'annulation du rendez-vous électoral. Pas plus tard que lundi, ces trois partis étaient signataires d'un appel au rejet des élections par toutes les voies pacifiques, à l'arrêt de ce qu'ils qualifient de «coup de force devant aboutir à la récupération du mouvement populaire». Le premier secrétaire national du FFS considère que la situation actuelle impose d'être «radical mais pacifique». Le président du RCD continue son combat en faveur d'une transition démocratique, seule voie viable pour Mohcine Belabbas, alors que la direction du Parti des travailleurs, même privée de son leader, Louisa Hanoune, est restée fidèle à la ligne rejetant tout processus électoral et militant activement en faveur d'une Constituante. N. I.