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Le remède soudanais au despotisme
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 12 - 2019

Quand je vous disais que les Soudanais ne font rien comme nous, ou comme les autres : voilà un Président-tyran qui les a massacrés et martyrisés durant près de trente ans et que font-ils ? Ils se contentent de le déférer devant un tribunal, avec de vrais juges sans oreillettes, devant lesquels Omar El-Béchir comparaissait pour «corruption», et qui le condamnent à deux ans. Deux ans, non pas de prison comme celle où il était détenu à Khartoum, mais deux ans d'enfermement dans une maison de correction pour vieux délinquants, en tentation de récidive. Où l'on apprend que le Soudan a envoyé son ancien Président, samedi dernier, en maison de correction, parce qu'il y a une loi soudanaise qui interdit d'emprisonner des septuagénaires. Autrement dit, vous pouvez dévaster un pays pendant trente ans, disloquer un Etat, diviser une nation, commettre génocide sur génocide, et vous retrouver dans un service gériatrique. Il vous suffit pour cela de semer la ruine et la désolation, avant l'âge limite de soixante-dix ans qui vous met idéalement à l'abri de l'enfermement dans une cellule de prison classique. Depuis cette condamnation, on commence à mieux comprendre pourquoi les autorités soudanaises ont refusé de remettre Omar El-Béchir à la Cour pénale internationale (C.P.I). Laquelle Cour avait lancé un mandat d'arrêt international contre le Président déchu et avait demandé avec insistance qu'il lui soit remis.
Voilà donc un dictateur qui a blanchi sous le harnais et qui a atteint et dépassé l'âge limite, fixé par la loi soudanaise, pour être placé sous écrou et qui est traité en vieux garnement. Quant à la période de deux ans fixée pour l'assignation en maison de «retraite rééducative» (Islahia), on peut se demander si elle n'est pas destinée à assurer plus de confort au condamné. Lequel condamné avait apparemment veillé à assurer ses arrières et à se ménager une issue de fortune, avec le pactole qu'il a amassé, dans une seule de ses résidences matrimoniales. Au lendemain de sa destitution et de son arrestation, on avait trouvé de grosses sommes en devises étrangères, entreposées chez l'une de ses épouses légales, sans doute la plus jeune (1). C'est d'ailleurs ces quelque cent dix millions de dollars, en devises étrangères et soudanaises, qui ont constitué la pièce à conviction numéro un contre le chef d'Etat, islamiste et corrompu. Lors de sa déposition à la barre, il a reconnu avoir reçu personnellement 25 millions d'euros des mains du sulfureux prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salman. Il s'agissait, selon lui, d'un cadeau personnel de l'émir saoudien, en gage d'amitié éternelle, comme c'est la pratique courante dans ces milieux. On peut imaginer qu'à l'instar de nos dirigeants corrompus, Omar El-Béchir doit avoir bénéficié de telles munificences à chacun de ses anniversaires ou de ses mariages.
Plus sérieusement, l'argent était sans doute une première contribution à l'effort de guerre du Soudan qui a engagé 10 000 soldats dans la guerre que mène l'Arabie Saoudite au Yémen (2). Durant ce procès assez insolite, les partisans ont battu le pavé au centre de Khartoum pour signifier qu'ils sont encore là, et ils ont donné le nom de «marche verte» à leur démonstration. Cette mobilisation pour El-Béchir et contre un pouvoir «laïque» peut expliquer en partie la destination d'une grande partie de l'argent qui n'a pas été retrouvée dans les sites présidentiels.
Toujours est-il que ce verdict qui peut être considéré comme trop clément (3) au regard des chefs d'accusation comme la détention illégale de devises étrangères et la corruption est étonnant. Veut-on, en fait, rééduquer réellement un despote septuagénaire ou bien s'agit-il de donner le temps aux futurs tyrans de préparer leur futur candidat ? Toutefois, et afin de rassurer l'opinion, la justice soudanaise a pris soin de préciser qu'il s'agissait là d'un premier procès et que d'autres affaires étaient en cours d'instruction. Le procureur de la République a même laissé entendre que les affaires pour lesquelles Omar El-Béchir allait à nouveau être jugé pouvaient entraîner une condamnation à mort. Il a ainsi indiqué que les enquêtes sur tous les crimes, commis par le régime depuis 1989, date de l'arrivée au pouvoir de l'ex-Président, allaient reprendre incessamment.
Parmi les nouveaux chefs d'accusation figurent les meurtres de manifestants, durant le Hirak soudanais, et les violations des droits de l'Homme. Omar El-Béchir va également être jugé pour des crimes plus anciens, comme les crimes contre l'humanité, commis au Darfour, dans les régions de Nubie et du nil Bleu, a ajouté le magistrat. Tout comme il a laissé entendre que d'autres affaires de corruption concernant cette fois-ci des détournements atteignant des milliards de dollars seront également jugées plus tard. Reste à savoir si la population soudanaise, qui a payé un lourd tribut à la dictature, se laissera convaincre par ce calendrier et cet aménagement contestable des priorités.
A. H.
(1) On ne sait pas exactement s'il s'agit d'une nouvelle épouse ou de la veuve du colonel Chems-Eddine Ibrahim, compagnon et soutien d'El-Béchir, tué dans un crash d'avion en 2001. Après la chute du despote, des fake-news avaient circulé sur la toile affirmant qu'il avait fait tuer son ami le colonel pour épouser sa veuve. Où l'on rejoue David et Bethsabée à la mode soudanaise, mais sait-on jamais ?
(2) Les nouvelles autorités soudanaises ont déjà annoncé le rapatriement de plusieurs milliers de soldats soudanais, envoyés au Yémen, signe d'un désengagement progressif de la coalition.
(3) Un indice significatif : à la lecture du verdict, les proches du condamné ont exprimé bruyamment leur joie, ce qui a poussé le président du tribunal à les faire évacuer de la salle.


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