Déroutée par la succession des événements de ces derniers mois, la classe politique a fini par sombrer dans une léthargie de laquelle rien ne semble pouvoir l'extraire. La campagne électorale l'avait laissée de marbre. L'annonce des résultats de l'élection présidentielle n'a eu quasiment aucun effet sur elle, pas plus que l'imminente formation d'un nouveau gouvernement. Nawal Imès – Alger (Le Soir)- La scène politique, quasiment inanimée depuis de longs mois, peine à reprendre son souffle. Les partis politiques qui ont pu, dès le début du mouvement populaire au mois de février dernier, mesurer leurs degrés de popularité, ont battu en retraite. D'aucuns qualifiaient ce retrait de stratégique, une sorte de recul face à la colère de la rue. Dans l'incapacité de contenir le mouvement en cours, encore moins d'en influencer le cours, la majorité des partis politiques ont fini par choisir de s'éclipser. Les prises de parole se sont fait rares. Les prises de position de moins en moins fréquentes. Pour certains partis, même l'activité organique a été réduite au point mort. Pourtant, l'actualité est loin d'être avare en événements susceptibles d'exiger des prises de position. Tout récemment, la campagne électorale offrait aux partis politiques l'occasion rêvée pour se positionner pour certains, ou se repositionner pour d'autres. Il n'en a été rien. Durant les trois semaines qu'a duré la campagne électorale, la voix des partis politiques était quasiment inaudible. Ceux qui avaient fait le choix de présenter un candidat à l'image du RND, du mouvement El Binaa ou de Talaioue el Hourriyet se sont certes rangés derrière leurs candidats respectifs, mais ont tout fait pour ne pas être trop visibles, préférant presque faire oublier au nom de quel parti leur poulain se présentait. La situation était d'autant plus compliquée au sein des partis qui n'avaient pas présenté de candidat et ne sachant pas lequel soutenir. Cela a été le cas du FLN qui aura attendu la dernière ligne droite avant de prendre la décision d'annoncer son soutien au candidat présenté par son frère ennemi, le RND. Le parti est néanmoins resté très discret, se contentant de ce soutien passif. Les autres partis politiques, traditionnellement gravitant autour des cercles du pouvoir et n'hésitant pas à soutenir avec beaucoup de zèle le candidat, sont restés également en retrait, visiblement dans le flou, et préférant le principe de précaution au soutien du « mauvais candidat ». Du côté de l'opposition, si l'option du boycott de l'élection présidentielle avait été clairement adoptée, sur le terrain, les partis politiques n'ont pas été très visibles. Tout récemment, l'arrivée d'un nouveau locataire à El-Mouradia n'a pas suscité plus d'émoi au sein de la classe politique, qui n'a quasiment pas commenté l'événement. Dans les quelques jours à venir, c'est un nouveau gouvernement qui sera formé. S'il n'est pas appelé à avoir une longévité record en raison d'échéances électorales à venir, sa composante est néanmoins attendue comme un premier signal vers le changement promis. La classe politique sera, par la suite, fortement sollicitée lorsque le chantier de la révision de la Constitution sera lancé puis, une fois encore, à l'occasion des législatives qui devront donner naissance à une reconfiguration de l'Assemblée populaire nationale. Rien ne justifierait alors l'isolement presque volontaire dans lequel s'est réfugiée la classe politique, au risque d'être prise de vitesse par la société civile. Abdelmadjid Tebboune a clairement exprimé, en effet, une certaine préférence pour une société civile plus structurée, génératrice de soutiens qu'il considère nettement plus forts que ceux émanant des formations politiques. N. I.