Peut-on parler de l'unité armée-peuple algérien ? Pour Abdelmadjid Chikhi, directeur général du Centre des archives nationales, «lorsque les Algériens sont descendus dans la rue, l'armée a pris la responsabilité de garantir la stabilité du pays et de protéger cet élan populaire contrairement à ce qui se fait dans plusieurs pays où la répression était faite dans l'immédiat». Invité à s'exprimer sur la question à la rédaction de la Chaîne 3, le directeur du Centre des archives nationales a souligné que le lien avec l'armée venait de notre histoire et «l'appel du 1er Novembre en est la preuve», considérant au passage qu'en passant du statut d'Armée de libération nationale (ALN) à celui d'Armée nationale populaire, l'ANP s'est donné pour mission d'accompagner l'Etat algérien, «ressuscité» qui existait avant la colonisation. Lors de ses explications, M. Abdelmadjid Chikhi a ajouté : «C'est dans la continuité pure et dure» que l'armée a toujours été présente dans les grands chantiers algériens et ce, depuis l'indépendance en donnant les exemples du Barrage Vert, de la construction de la Transsaharienne et le rôle joué pendant la révolution agraire. M. Abdelmadjid Chikhi en profite pour récuser au passage le terme «républicain» associé à l'armée algérienne, précisant que «l'Etat étant lui-même une République». Quant aux manifestations de rue, elles sont perçues «comme un signe de bonne santé», en ce sens, relève-t-il, que chaque fois que le pays s'est trouvé en danger, le peuple algérien est descendu dans la rue. Commentant l'actualité, celle du Hirak notamment qui insiste à travers ses revendications pour la création d'un Etat civil, «Dawla madania machi askaria» (Etat civil et non militaire), pour l'intervenant, ce slogan ne sonne pas bien car il faut définir les choses de manière claire. «L'Algérie n'a jamais été un Etat militaire depuis l'indépendance et je ne parle pas de Boumediène et du Conseil de la révolution» donc, ajoutera-t-il «pour ce concept d'Etat civil, il faudrait lui donner un autre contexte de réalité celui d' un Etat civique». Pour M. Abdelmadjid Chikhi, il y a un conflit de terminologie pour les animateurs du mouvement populaire. Il explique que «certains» au sein de ce mouvement insistent pour «aller vers la laïcité la plus dure», celle, résume-t-il, «du renoncement à l'Islam et à la langue arabe», en particulier et c'est «renoncer à toutes nos traditions» de son avis. En somme, le DG du Centre des archives nationales jugera fondamental que l'Algérie soit un «Etat civil» et insiste pour dire que l'Algérie «n'a jamais été un Etat militaire». Pour ce qui est des nombreuses modifications apportées depuis l'indépendance à la Constitution, l'intervenant juge opportun de reprendre l'exemple américain, en élaborant un texte doté de sacralité « afin qu'on n'y touche pas». Ça serait, là, observe-t-il, l'idéal pour la société «de construire son unité nationale». Ilhem Tir