Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, a estimé que le challenge du prochain gouvernement serait de se pencher sur les accords économiques ratifiés par l'Algérie, «ce qu'ils ont ramené de positif et de négatif au pays, notamment l'accord avec l'Union européenne qui représente 52% des importations algériennes, que le 1er septembre de l'année 2020 connaîtra l'entrée en scène de la Zone de libre-échange et le démantèlement sera complet». Quelle sera la position du futur gouvernement et quelle stratégie adopter vis-à-vis de cet accord ? S'est interrogé le président de l'Association nationale des exportateurs algériens qui n'a cessé, ces derniers temps, de mettre en garde contre les conséquences de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, le considérant comme un désastre pour l'économie nationale. Il ajoute que le volume des échanges avec l'Union européenne a atteint 295 milliards de dollars, dont seulement 12 milliards qui rentrent dans les caisses de l'Etat grâce aux produits dérivés des hydrocarbures. Comment faire pour que cet accord soit profitable pour l'Algérie ? S'est-il encore demandé en précisant que beaucoup de chapitres de cet accord n'ont pas été encore pris en charge. « Les accords avec l'UE comprennent 110 clauses, dont la partie européenne n'a respecté que le volet commercial, tandis que la partie relative à la coopération ; l'obligation d'investir en Algérie et la libre circulation des personnes n'ont pas été appliquées». Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens a ajouté que les accords signés par l'Algérie avec l'Union européenne «n'avaient pas fait l'objet d'études approfondies», ce qui a rendu ces accords défavorables à l'économie nationale et, selon lui, «il faut revoir notre vision et se préparer à aller négocier en fonction de la conjoncture actuelle, pour présenter une offre qui soit valable». Et si l'accord de libre-échange avec l'UE a atteint ses objectifs politiques, il n'en demeure pas moins que sur le plan économique, rien n'a été fait, et de manière concrète, le président d'Anexal préconise l'activation de tous les chapitres relatifs à l'investissement car «nous sommes actuellement demandeurs de diversification, de technologie et d'IDE». M. Nasri a estimé que notre pays n'a jamais pris au sérieux les accords, car cela a toujours été «la décision politique qui entraînait la réalisation économique» et donc «l'absence d'étude d'impact a fait que l'Algérie est allée de manière aveugle vers la signature d'accords», a souligné l'intervenant qui ajoutera : «En plus de l'absence d'étude d'impact, il n'y a pas eu de bilan ni de vision sur cet accord avec l'UE». Et encore, «l'Europe investit ailleurs qu'en Algérie». Abordant l'adhésion de l'Algérie à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), M. Nasri a mis en garde contre le risque d'aller vers l'exportation, si le pays manque de compétitivité de diversification des produits à exporter surtout «que des poids lourds comme le Nigeria, l'Afrique du Sud et l'Egypte existent». Donc il faut restaurer la confiance et faire appel «aux compétences nationales pour se concerter et sortir avec une feuille de route». A ce propos, il conseille les pouvoirs publics d'accélérer la diversification et de donner la liberté d'investir, qu'il juge comme «une nécessité», considérant qu'il y a lieu de mieux connaître les besoins et les typologies économiques des pays avec lesquels l'Algérie envisage de développer ses échanges. Ilhem Tir