Le mouvement populaire entame la nouvelle année 2020 avec une forte mobilisation, maintenant le cap pour un changement radical du système politique. Au lendemain de la libération de plusieurs dizaines de détenus d'opinion, dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, le Hirak refuse de céder. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - «Nous ne plierons pas». Inscrite en rouge sur une grande pancarte qui a sillonné les rues d'Alger, cette affirmation traduit l'état d'esprit des manifestants fortement mobilisés, hier, à l'occasion du 46e vendredi de contestation populaire contre le système politique. Loin de céder face au temps qui passe et à l'entêtement du pouvoir à mener son agenda, le mouvement populaire entame la nouvelle année avec une forte mobilisation, donnant la preuve de la profondeur de cette révolution qui refuse de s'éteindre avant d'atteindre ses objectifs. Sous un soleil clément, des marées humaines ont envahi le centre de la capitale où la manifestation a commencé vers 11h du matin, avec des slogans contestant la légitimité du nouveau chef de l'Etat, réclamant l'instauration d'un Etat civil et revendiquant le respect de la souveraineté populaire. Le 46e vendredi de mobilisation est intervenu au lendemain de la libération de plusieurs détenus d'opinion, dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, et des porteurs du drapeau amazigh. Les manifestants ont rendu hommage aux détenus libérés et exigé la libération de ceux qui sont maintenus en prison «injustement». Plusieurs détenus qui ont retrouvé la liberté ont participé à la manifestation d'hier. Plusieurs manifestants ont arboré l'emblème amazigh. La police, dont le dispositif est toujours important mais allégé, prompt à réagir en de pareilles situations les vendredis passés, n'a pas bougé le petit doigt. Les manifestants ont réclamé «une période de transition» et «le respect de la volonté populaire», refusant tout dialogue avec le pouvoir, estimant que le nouveau chef de l'Etat n'a aucune légitimité. «Le Président est truqué, il est ramené par les militaires et il n'a pas de légitimité. Le peuple s'est libéré, c'est lui qui décide. Il a opté pour un Etat civil», ont clamé à tue-tête les manifestants qui s'en sont pris également aux médias, leur reprochant l'ignorance du mouvement. Ces derniers ont exhibé les portraits des héros de la guerre de Libération nationale, dont le colonel Amirouche, Abane Ramdane et Mohamed Khider assassinés au lendemain de l'indépendance.Dénonçant les actes de «baltaguia» de vendredi dernier dans plusieurs wilayas, les manifestants qui représentent toutes les catégories de la société algérienne ont insisté sur l'unité populaire et la fraternité des Algériens. Ils ont montré leur détermination à poursuivre la mobilisation jusqu'à la rupture radicale avec le système politique. Des manifestants ont revendiqué le renouvellement de la classe politique à travers «l'ouverture de l'espace politique aux nouveaux partis et associations, la liberté et l'ouverture du champ médiatique et la fermeture des médias de la propagande et de la haine». En somme, les manifestants montrent leur volonté de poursuivre la lutte jusqu'au bout, en offrant des images de mobilisation spectaculaires, le tout dans une ambiance de pacifisme exemplaire. K. A.