Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), qui était présent à Accra lors de la ratification de l'Algérie de l'accord de la Zlacaf, s'est prononcé hier au forum d'El Moudjahid sur «les défis et les urgences qui attendent le nouveau gouvernement dans la promotion des exportations hors hydrocarbures». Il s'agit du renforcement de la coopération et des échanges entre les Etats africains. Mais en quoi consiste cet accord et quels sont les avantages de l'Algérie ? Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Ali Bey Nasri a préféré, de prime abord, saluer l'installation d'un ministre délégué chargé du commerce extérieur. «Un homme d'expérience et de dialogue», a-t-il tenu à préciser. Mais cela ne suffit pas, selon lui, car il faut commencer d'abord par revoir la politique algérienne du commerce extérieur. Ce département nouvellement créé doit avant tout être novateur par l'association des entreprises productrices et des universitaires dans la prise de décisions. «On doit se concerter», c'est une expression qui revient à dire que «depuis 20 années, on n'a jamais été sollicité». La nouvelle structure en charge du commerce extérieur «a depuis toujours été notre souhait», a affirmé le président de l'Association nationale des exportateurs algériens, qui signale au passage qu'il y a, néanmoins, un certain nombre de défis à relever. Etre membre de la Zlacaf est une bonne chose, mais encore faut-il que les lois changent. Et d'affirmer, qu'«on ne dispose pas de diplomatie économique en Algérie». Autrement dit, qu'il est obligatoire que les attachés commerciaux des représentations diplomatiques soient dépendants du ministère du Commerce et non de la diplomatie. Selon l'orateur, «depuis toujours, c'est le politique qui a primé sur l'économique» en Algérie. Or que c'est faux, a-t-il objecté. La nouvelle structure gouvernementale en charge du commerce extérieur est appelée à agir dans une nouvelle configuration afin de tourner la page du passé où l'on a assisté à l'échec des tentatives d'exportation des produits agricoles en raison du blocage des banques surtout, a-t-il estimé. A ce sujet, Ali Bey Nasri a considéré que les banques privées ne se sont pas intéressées aux exportations, mis à part quelques banques publiques. Pour le cas de la Zlacaf, il a considéré que sa réussite dépend de l'impact diplomatique et du «lobbying algérien» en Afrique, car a-t-il fait savoir, la concurrence en Afrique est redoutable en présence des industries compétitives de l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Nigeria. A ce titre, le président de l'Anexal a rappelé que l'Algérie a depuis toujours été absente des grands marchés africains. Plus explicitement, il dira que dans ce contexte qu'on ne pourra jamais réussir «sans des relations politiques très fortes» et «sans un président fort». Il s'est alarmé en citant l'exemple du président Bouteflika qui «ne s'est jamais rendu en Afrique». Dans le secteur de l'agriculture, l'expert, tout en ventant la qualité du produit national, a déclaré ouvertement que la destination privilégiée de ces produits est l'Europe, et pour ceci, il citera la qualité du pouvoir d'achat des citoyens européens. «En sus des 8,5 millions d'ha de surface agricole utile, le Sahara est le meilleur vecteur de l'exportation des produits bio», a fait savoir l'invité du forum d'El Moudjahid. Pour le cas du marché français, qui dispose d'une masse de clients de 5 millions d'Algérie, il a regretté que le produit algérien n'ait pas de part de marché privilégiée. «L'Algérie n'a jamais su exploiter son potentiel agricole», a-t-il dit en substance. Dans les détails, il parlera de l'«amateurisme» de la politique d'exportation algérienne, car en fait, a-t-il rappelé, le marché de l'exportation repose sur des critères rigoureux, à savoir la régularité dans l'approvisionnement, dans la qualité et dans la quantité. Que faudra-t-il faire pour promouvoir l'exportation du produit algérien? «Depuis 2016, nous avons cerné et répertorié tous les problèmes», a-t-il répliqué dans un premier temps. Avant d'ajouter que le produit algérien souffre d'un problème de compétitivité. Explication à l'appui, Ali Bey Nasri a précisé que le tissu industriel national est construit sur la base des importations. Et chiffres à l'appui, il avance que 10% à 20% seulement représentent le taux de la valeur ajoutée, révélant que «nos exportateurs gagnent moins». Selon lui, il est temps pour l'Algérie qui a longtemps accordé beaucoup d'importance à l'exportation des biens de s'orienter vers l'exportation des services. A l'exemple du tourisme, il citera la Tunisie qui rentabilise entre 7 à 10 milliards de dollars par an. En conclusion, l'orateur a insisté sur le facteur de «toilettage des lois». Des lois élaborées par le passé en conformité avec un contexte précis. A. B.