L'ex-directeur d'Hydro-Traitement dénonce l'absorption de l'entreprise qu'il dirigeait lors de la création du Groupe études et réalisations hydrauliques. Une situation que réfute en bloc Mohamed Kamel Aït Dahmane, ex- P-dg de la SGP ERGTHY et membre du comité de pilotage de cette opération. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - C'est une véritable bataille contre l'administration que mène, depuis près de deux ans, Mohamed Antar Salim Kettal pour préserver l'entreprise Hydro-Traitement dont il était le P-dg jusqu'à son absorption par Foremhyd, une autre entreprise publique «déficitaire et de moindre importance». Hydro-Traitement était spécialisée dans la réalisation, la mise en service et l'exploitation des stations de traitement d'eau potable et d'épuration des eaux usées. Elle a réalisé des projets sur l'ensemble du territoire national. «C'est une situation très grave car Hydro-Traitement était une entreprise viable, qui avait un plan de charge conséquent et un patrimoine considérable. Depuis ma nomination, j'ai réussi à obtenir quatre exercices bénéficiaires. Mais tout a été fait pour minimiser ses capacités et son potentiel afin de permettre à Foremhyd de l'absorber. Cette opération est illégale et constitue une infraction au code du commerce», dénonce Kettal. Tout débute en 2014 lorsque les autorités décident de réorganiser le secteur public marchand industriel, l'objectif étant de mettre un terme au modèle des Sociétés de gestion des participations (SGP), qui avaient sous leur coupe une nuée de sociétés, et de créer des groupes industriels publics. Le Conseil des participations de l'Etat instruit les ministères concernés par cette opération de former ces nouveaux groupes mais avec l'exigence d'avoir un nombre limité de sociétés. D'où la nécessité de recourir à des fusions et des absorbions. «La logique aurait voulu qu'Hydro-Traitement, qui était une des entreprises les plus importantes du secteur de l'hydraulique, absorbe d'autres sociétés. Mais c'est le contraire qui s'est produit», souligne Mohamed Antar Salim Kettal. Selon lui, le ministère de l'Hydraulique et le Conseil des participations de l'Etat ont été « induits en erreur » par l'ex-SGP ERGTHY, devenue depuis 2018 le Groupe études et réalisations hydrauliques, et par le Cetic, un bureau d'études public. «Lors de l'élaboration du projet de reconfiguration du portefeuille de la SGP ERGTHY, le rapport sur l'état d'Hydro-Traitement a été totalement biaisé de façon à la classer dans la catégorie des petites entreprises. L'effectif inscrit était de 242 agents alors qu'en réalité il était de 1167 agents. Une partie importante du patrimoine a également été occultée et les résultats financiers positifs ont été minimisés », note Kettal qui précise que l'absorption de l'entreprise qu'il dirigeait a également eu pour conséquence de mettre un terme à sa carrière. Pour sa part, le P-dg du Groupe études et réalisations hydrauliques réfute toutes les accusations de l'ancien dirigeant d'Hydro-Traitement. «Le processus de reconfiguration du portefeuille d'entreprises du secteur de l'hydraulique de la SGP vers le groupe a été confié à un comité de pilotage. En ma qualité de P-dg de la SGP ERGTHY, je n'avais que la qualité de membre au sein de ce comité qui était placé sous la tutelle du ministère de l'Hydraulique. La reconfiguration s'est déroulée dans la plus totale transparence par le bureau d'études public Cetic. Il n'a jamais été question de léser une entreprise au profit d'une autre», explique Mohamed Kamel Aït Dahmane. Dans un document officiel adressé au ministre de l'Hydraulique Ali Hamam, en juin 2019, le Groupe études et réalisations hydrauliques détaille les conditions d'absorption d'Hydro-Traitement par Foremhyd, dont la spécialité initiale était le forage. « Foremhyd, appuyée par sa filiale Hydroéquipement, s'était repositionnée sur le marché de l'hydraulique en pénétrant de façon hardie l'activité traitement, étant donné que, pendant au moins 5 années, la demande de forages était réduite à sa portion congrue. Aussi le management de Foremhyd a réussi à sauver et à redresser la société par la réalisation d'un grand nombre de stations de pompage, de stations de traitement d'eau potable, de stations d'épuration et de station de déminéralisation (…) Foremhyd, installée donc comme l'un des leaders sur le marché avec une bonne réputation auprès des donneurs d'ordre (ADE, DRE…), a impulsé une véritable tendance lourde et pérenne de l'activité traitement, ce qui l'a conduite à devenir une entreprise de grande taille réalisant un chiffre d'affaires de près de quatre milliards de dinars.» Le même document revient également sur la situation d'Hydro-Traitement et fait état de la périclitation du chiffre d'affaires qui a subi une « chute de plus de 65% entre 2015 et 2017. Son plan de charge a aussi chuté lors de l'exercice 2017 suite aux résiliations à son tort exclusif des marchés des Step d'Oum-el-Bouaghi et de Barika (…) ce qui prouve que l'entreprise avait du mal à honorer ses commandes, ses chantiers étant soit à l'arrêt, soit en retard caractérisé jusqu'à faire l'objet de résiliations unilatérales aux torts exclusifs de l'entreprise par ses clients traditionnels», peut-on lire dans ce document. C'est donc sur la base d'une série de critères, notamment «la taille critique, la solvabilité, la rentabilité, les liquidités et la bancabilité» que le Cetic a préconisé l'absorption d'Hydro-Traitement par Foremhyd. T. H.