Les avis sont mitigés. Dans certains quartiers, la vente du lait en sachet, subventionné par l'Etat, se fait rare alors que, dans d'autres, il suffit de se lever tôt pour mettre la main dessus. Les vendeurs, eux, continuent de se plaindre d'une marge bénéficiaire «négligeable» et de pertes importantes en termes de sachet de lait. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Trouver du lait en sachet à Alger relève de l'exploit. Même s'il n'y a pas de pénurie, les Algérois peinent pour le trouver. Pour tomber sur ce produit, il faut se lever très tôt. Le lait appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Employé dans une entreprise privée, Rabah arrive toujours à se procurer quatre sachets de lait par jour. Normal puisqu'il est matinal. C'est vers 6h45 qu'il se pointe chez l'épicier de son quartier à Sidi-M'hamed. «Je me lève tôt pour ne pas rater le lait. Après 7h, je ne trouve plus rien», dit-il. Résidant à Hussein-Dey, Karim, lui, se contente d'habitude du sachet de lait dit «lait de vache» vendu à 50 dinars. «C'est vers 15h que j'achète généralement le lait. Je prends les sachets de 50 dinars car pour avoir ceux de 25 dinars, il faut se lever très tôt. Seulement, depuis presque un mois, je ne trouve plus les sachets de lait de vache», assure-t-il.Depuis, ce père de deux enfants en bas âge se rabat sur le lait en brique dont le prix est à 100 dinars. Un produit qui reste inaccessible pour nombre de bourses. Dans la capitale, les épiceries assurant la vente du lait en sachet se comptent sur les doigts d'une seule main. Elles sont tellement rares que, parfois, il faut parcourir plusieurs kilomètres pour trouver ce produit subventionné par l'Etat. A l'exemple des deux communes voisines, Sidi-M'hamed et Belouizdad, où seulement quatre épiceries proposent ce lait. Répartis à travers le quartier dit «Les Groupes», la rue Nessira-Nounou, près du marché T'nache et pas loin de la rue Ferhat-Boussaâd (ex-Meissonier), ces magasins restent, au grand bonheur des habitants de ces quartiers, les seuls à mettre à leur disposition le lait en sachet de 25 dinars. Ce n'est pas pour rien que les épiceries et les supérettes boudent ce produit. Ils s'accordent tous à se plaindre d'une marge bénéficiaire négligeable. «Nous avons une marge bénéficiaire de moins de 50 centimes. C'est insuffisant d'autant que nous enregistrons des pertes considérables sur ce produit. Sur 200 caisses de dix sachets de lait chacune, je perds deux caisses par jour», explique le gérant d'une épicerie à Belouizdad. L'entêtement de ce commerçant à poursuivre la vente du lait en sachet malgré les «pertes» enregistrées est loin d'être dans un but commercial. «C'est une question de principes. Je continue à vendre le sachet de lait juste pour les vieilles, les vieux et les enfants du quartier car il s'agit tout de même d'un produit nécessaire», précise-t-il. Même constat chez un autre commerçant à Sidi-M'hamed. Pour lui, les pertes sur ce produit dépassent de loin le bénéfice «minime». Il évoque, à son tour, les pertes. «Je perds jusqu'à 30 sachets par jour et les distributeurs ne reprennent pas les sachets explosés. Non seulement je ne fais pas de bénéfice mais, en plus, j'enregistre des pertes», déplore-t-il. C'est vers 3h30 que cet épicier reçoit ces caisses de lait qu'il écoule bien avant 8h30. «Généralement, ce sont les gens de passage qui en profitent. Quant à mes clients, je leur mets de côté leur quota sinon, ils n'en trouveront rien après», dit-il. Il rappelle, à cet effet, l'épisode de la vente concomitante imposée , selon lui, par l'unité de production de lait. «Ce sont les gens de l'usine de Birkhadem qui nous imposent dix caisses de lait de vache dont l'unité coûte 50 dinars pour chaque 200 caisses de lait subventionné. A partir de 4 sachets de lait à 25 dinars, le client doit acheter un sachet de 50 dinars», explique-t-il. Selon lui, cette situation a pris fin après l'intervention du ministre du Commerce il y a quelques semaines. Ry. N.