L'idée que la valeur travail, vertu indispensable à l'épanouissement individuel, soit battue en brèche par des aventuriers de l'apocalypse qui, jusqu'à un temps T, ne s'inquiétaient de rien, avait de quoi jouer sur le moral. Jamais tous ces hommes, élevés au rang de chefs d'entreprise et dont on dénonçait à peine le lourd penchant pour les business véreux, n'auraient soupçonné qu'un jour la justice serait autorisée à leur faire la chasse comme elle le fait. Je dis cela, je ne dis rien ! Autorisée, pas autorisée, qu'importent les sentiments qui l'animent ou les motivations réelles des forces qui l'encouragent à se distinguer de sa sagesse antérieure, pourvu qu'au quotidien, l'on ait autant d'ivresse. Celle d'arrestations qui n'en finissent pas d'alimenter l'illusion que le pays sera bientôt sauvé des griffes de cette mafia et que nous serons, dès lors, vengés de ces excès en tous genres, à la portée d'adversaires arrogants et téméraires. Oui ! je dis cela et je ne dis rien ! Mais quand je pense qu'un Ali Haddad a poussé la prétention jusqu'à vouloir acquérir un pipe line, je me demande pourquoi on a laissé faire jusqu'à presque atteindre l'irréparable. Et pourquoi on s'est montré aussi réticents à brider la frénésie d'une îssaba qui a réussi à contrôler la quasi-totalité de l'économie nationale ! Avoir la main sur tout avec la protection idoine et monopoliser l'argent public avec la bénédiction de premiers ministres et autres hauts responsables ! Ne connaître aucune menace qui alerte sur le danger imminent de devoir restituer les biens détournés de la collectivité ! Ne jamais être soumis à la plus insignifiante des contraintes ni s'exposer au risque de devoir renoncer à la montagne de privilèges acquis au nez et à la barbe de populations mises devant le fait accompli ! Enumérer, impuissante, toutes les frasques de nos sombres hommes d'affaires et de leurs appuis, à l'intérieur du système, me donne, parfois, presque envie d'avaler mon bulletin de naissance. Mais pourquoi pas, me diriez-vous, maintenant que les promesses de bonne gouvernance ont montré leurs tristes limites en ne ciblant jamais les profils taillés pour ? M. B.