La cité antique de La Casbah d'Alger, classée au patrimoine mondial, menace toujours de tomber en ruine. Les maisons vétustes, marquées par le poids des ans, se dégradent sérieusement et la situation ne va pas en s'améliorant pour les habitants des lieux. D'un côté, le gouvernement se défend en disant avoir dégagé un budget conséquent pour la restauration et la rénovation de la Médina d'Alger, de l'autre, on constate qu'aucun accomplissement n'a été réalisé dans le sens de remédier à l'état critique dans lequel se trouve cette cité, gardienne de la mémoire. Pour attirer l'attention des autorités, la Fondation Casbah alerte une nouvelle fois sur les risques et les dangers liés à cette décrépitude. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Evoquant la dégradation de La Casbah, le président de cette fondation, Ali Mebtouche, a remis en cause l'existence d'une «réelle volonté politique» quant à préserver le trésor historique que recèle la Médina d'Alger. S'exprimant en marge d'une conférence de presse organisée, hier, au siège de cette association, ce dernier dépeint la mort lente de La Casbah. Il se demande, par conséquent, «où sont passées les sommes d'argent accordées par le gouvernement pour la restauration de La Casbah», en sachant, dit-il, que le projet de rénover La Casbah a été confié à une pléthore d'entreprises. Ali Mebtouche déplore le fait que tous les ingrédients essentiels à l'aboutissement de ce projet sont là, mais au final, «aucune modernisation n'est en vue, alors que l'état de la cité est des plus tragiques». Partant de là, il réclame au nom de l'association de savoir où «réside le blocage». Selon le président de la fondation, la question relevant de la protection du patrimoine est incluse dans la loi n°98.04 du 15 juin 1998 parue au JO n°44 du 17 juin 1998. Celle-ci édicte les règles générales de la protection, la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine culturel de la Nation. Dans ce patrimoine, figure le site historique de La Casbah. Outre l'importance de l'aspect culturel de la préservation de La Casbah, Ali Mebtouche a évoqué son volet sociétal. Et pour cause, les personnes qui y vivent risquent à tout moment leurs vies, vu l'état de vétusté des bâtisses qui leur servent de toit. A ce titre, ce dernier informe qu'une lettre a été adressée au chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, afin de lui faire part des «risques tragiques à la Médina d'Alger». Il a avancé que des dangers mortels menacent les résidents et les résidentes de La Casbah. «En cas de séisme nocturne, centré sur Alger, la grande majorité des 470 bâtisses traditionnelles ainsi que les 4 000 bâtisses coloniales s'effondreront». On rappellera, dans ce registre, qu'en avril dernier, un immeuble s'était effondré à La Casbah, faisant cinq victimes. Peu de temps après, avec l'entame de la 25e phase de l'opération de relogement à Alger, consacrée à La Casbah par les services de la wilaya d'Alger, la Fondation Casbah avait dénoncé de graves dépassements liés à cette opération de relogement qui a concerné les bâtisses de La Casbah, les 4 et 5 mai, et qui n'a, en fin de compte, bénéficié qu'à 255 familles de La Casbah», alors que la wilaya a parlé de reloger 3 000 familles. On affirme également que dans certains immeubles, des familles entières ont été expulsées par les autorités, sous prétexte que les bâtisses sont classées rouge par le CTC, mais elles n'ont bénéficié d'aucun autre logement. Tandis que d'autres résidents du même immeuble ont été relogés ailleurs. On affirme que dans certains cas, des personnes ont été délogées au profit d'autres personnes. L'un des membres de la Fondation Casbah a, par ailleurs, appelé à ce qu'il y ait plus de transparence dans la gestion des rénovations de la Médina. Il suggère la création d'une structure compétente, exclusivement apte à gérer ce dossier. M. Z.