Michel-Ange et Picasso rêvaient de devenir calligraphes arabes. Quand l'artiste de la Renaissance avait découvert la splendeur de l'architecture arabe et de la calligraphie qui la décore, il déclara que si la religion musulmane n'avait pas interdit la représentation figurative et la sculpture aux artistes musulmans, ils auraient sans doute également brillé dans l'art sculptural. Cette fascination pour l'art musulman l'avait d'ailleurs conduit à espérer se faire accepter comme élève. Pablo Picasso, quant à lui, pensait que la calligraphie arabe «avait déjà presque atteint l'objectif ultime de l'art». Il n'y a pas que les artistes plasticiens qui ont été fascinés par la beauté et le raffinement de la calligraphie arabe et des arts islamiques. Baudelaire disait que «le dessin arabesque est le plus spiritualiste des dessins». Le Japonais Honda Kôichi est l'artiste qui présenta la calligraphie arabe sous un angle jamais soupçonné. Ayant vécu pendant 30 ans en terre arabe, il s'inspira de la beauté des paysages du désert de la péninsule Arabique, de la profondeur et de l'essence de la foi de la religion musulmane, pour créer une œuvre d'exception combinant la pureté et le minimalisme japonais aux proportions harmonieuses des caractères arabes. «La forme de tous les caractères est naturelle, bien équilibrée. Les proportions sont magnifiques. La calligraphie arabe possède une sorte de rythme musical, on a l'impression d'entendre une mélodie, n'est-ce pas ? Même sans en comprendre la signification, on ressent quelque chose», déclara un jour ce maître incontesté de la calligraphie arabe. Ainsi, aujourd'hui, le plus grand calligraphe arabe est… japonais ! K. B. [email protected]