Autoritaire, trop rigoureux, intransigeant. Que n'a-t-on pas entendu comme adjectif pour qualifier Nour Benzekri. Mais on lui reconnaît une grande efficacité et pendant trois décennies, il s'est taillé un beau palmarès à la tête de grands clubs comme le CRB, l'USMA , le MCA ou la JSK, pour ne citer que ceux-là. Il a été à l'origine de l'éclosion de plusieurs joueurs talentueux et la saison dernière, il a lancé la première école de formation de football féminin. «Le bon entraîneur est celui qui dure», nous a-t-il déclaré. En ce qui le concerne, cela s'est vérifié. Le Soir d'Algérie : Comme entraîneur, avez-vous pris votre retraite ? Nour Benzekri : Non, je ne suis pas retraité. Mais vous n'avez aucune proposition ? Je ne peux pas avoir de proposition parce qu'il y a trop de vautours dans notre football. Ce sont des gens qui sont de connivence avec les présidents de clubs pour se sucrer. Pourtant, vous aviez démarré la saison avec le NAHD. Oui mais, c'était juste pour aider cette équipe à démarrer la saison, ensuite je me suis retiré. Les dirigeants ont essayé de vous retenir ? C'est moi qui ne voulais pas poursuivre l'aventure. Ils ont bien essayé de me retenir mais ma décision était irrévocable. Il paraît qu'avec le confinement, un joueur sur dix est déprimé. Qu'en pensez-vous ? Moi je dis que c'est peu. Mais même sans cela, il arrive que les joueurs dépriment. Maintenant, nous traversons une période particulière. Il y a toujours un moyen pour entretenir sa forme chez soi. Mais rien ne remplace le terrain... Mais rien ne vaut la santé. D'anciens de vos joueurs comme Dziri et Zeghdoud sont devenus des entraîneurs et vous ont succédé à l'USMA… C'est la plus logique des trajectoires. Ils ont consacré toute leur vie au football et c'est bien qu'ils continuent. Pensez-vous qu'ils peuvent réussir autant que vous ? Cela ne dépend pas d'eux uniquement. Si les bonnes conditions sont réunies, ils sont faits pour réussir. Si on les laisse travailler et qu'on les aide, ils réussiront, cela ne fait aucun doute. Si vous avez un seul conseil à leur donner, quel serait-il ? C'est de persévérer et de ne jamais se décourager et je pense que le foot a besoin d'eux. C'est vrai qu'il leur faudra une volonté de fer. Vous avez obtenu plusieurs titres avec des formations différentes. Quel le secret de la réussite ? Le secret, c'est beaucoup de travail et de discipline mais peut-être pas à mon niveau parce qu'à mon niveau, c'était un peu trop. Vous reconnaissez que vous étiez trop autoritaire ? Avec du recul, je dirais oui, mais j'avais aussi des côtés positifs. J'étais sévère mais humain. Avec tout votre palmarès et votre longue expérience, comment se fait-il que vous n'ayez jamais drivé une sélection nationale ? A un certain moment, j'étais à deux doigts de driver une sélection nationale. C'était avec quel président de la FAF ? C'était avec Mohamed-Salah Diabi, «Allah yerahmou». En fait, j'ai été sélectionneur une journée. La veille, j'étais sélectionneur, et le lendemain, je ne l'étais plus. Et pourquoi ce revirement du président de la FAF ? Par la faute de ses conseillers. Il a préféré les écouter au risque de se mettre à dos tout le monde. Cela doit être le grand regret de votre carrière de coach ? Non, je n'y pense même pas. Vous auriez pu réussir en sélection vu que vous aviez la rigueur et la discipline comme Belmadi ? La chance de Belmadi, c'est qu'il a réussi rapidement mais sur le long terme, cela va être difficile pour lui. Mais il a une bonne génération de joueurs talentueux. Il a de bons joueurs qui se sont adaptés à lui mais cela ne va pas durer. Il faudra que ce soit lui qui s'adapte, mais même si je ne le connais pas et sur ce que je vois, ce ne sera pas facile pour lui. D'ailleurs, au Qatar, il a eu de bons résultats, mais cela n'a pas duré. Le bon entraîneur est celui qui dure. Propos recueillis par Hassan Boukacem