L'imbroglio de la guerre civile qui détruit des infrastructures et des vies humaines en Libye voisine laisse les portes ouvertes à toutes sortes de scénarii pouvant mettre le feu aux poudres dans toute la région. Dans cette guerre inutile et coûteuse, les épisodes se succèdent et ne se ressemblent pas. Il y a quelques mois, c'étaient les troupes de Haftar qui remportaient victoire sur victoire, obligeant l'armée de Tripoli à reculer. Mais l'apport des Turcs a changé la donne. Maintenant, ce sont les milices islamistes alliées du Gouvernement d'union nationale qui dominent la situation avec l'aide des drones turcs et les conseils d'experts venus du Bosphore. A tel point que c'est Haftar qui demande un cessez-le-feu alors qu'il le refusait il n'y a pas longtemps. En effet, ce sont pas moins de six villes situées à l'ouest de Tripoli qui sont tombées récemment entre les mains du Gouvernement d'union nationale. Cette avancée s'est poursuivie jusqu'à Et Ouatia, base aérienne de Haftar et point stratégique pour son armée. La bataille qui a repris de plus belle au sud de Tripoli et dans les environs de Tarhouna montre que la partie est en train de tourner en faveur de Tripoli. Cette mêlée, à laquelle participent financièrement et même matériellement les Emirats, est financée de l'autre côté par le Qatar et la Turquie. L'hypocrisie de la «communauté» internationale Ces fous ne savent plus quoi faire de leurs sous. Comme des enfants gâtés, trop habitués à tuer avec les manettes de leurs jeux vidéo, ils s'amusent à jouer à la vraie guerre. Au lieu d'aider les peuples arabes en difficulté, ils alimentent une guerre fratricide qui n'a aucune valeur stratégique pour eux et qui ne leur apportera rien. Mais on serait naïf de croire qu'elle n'est bénéfique pour personne. Les forces sionistes sont les premières à se frotter les mains. Cette Libye qui les narguait en faisant trop de bruit pour rien n'est plus qu'un champ de ruines et de désolation. Il faut que cela serve de leçon à quiconque osera élever la voix contre Israël. Une fois la tâche de BHL terminée — avec son cirque habituel d'images retouchées le montrant apportant la liberté et la paix au milieu de la «tragédie héritée de l'entêtement de Khadafi» — il confiera tranquillement qu'il a fait tout cela «en tant que juif et pour le bien d'Israël». Il l'a écrit. Mais, parfois, nous ne savons ni lire, ni écouter... Et puis, il y a les intérêts économiques et là, les vautours sont nombreux. Ce cinéma qui tue malheureusement beaucoup de civils et détruit hôpitaux, écoles et infrastructures se joue sur fond d'indifférence internationale à peine perturbée par quelques communiqués appelant à la paix par ceux-là mêmes qui alimentent le feu de la guerre en vendant des armes et en encourageant telle ou telle partie, et parfois les deux, à ne point s'arrêter. Les maîtres du jeu ne sont pas ceux qui jouent sur le terrain ! Toutes les analyses que nous lisons sont fausses car elles veulent nous faire croire que, derrière l'écran libyen, se joue une guerre véritable entre Abu Dhabi et Doha ou entre Le Caire et Ankara et je ne sais qui encore contre Riyad. Ce n'est qu'une impression car le véritable maître, celui qui tient les fils agitant toutes ces marionnettes, est le même. Tout ce beau monde est l'allié de l'Occident et le serviteur des Etats-Unis. La Turquie, élément extérieur au monde arabe, peut faire illusion par son discours et ses manières. Mais nul n'est dupe : c'est une force principale de l'OTAN et l'OTAN, c'est quoi et c'est qui ? Il ne faut pas être crédule au point d'attendre tranquillement que le père Godot arrive et réunisse tout ce beau monde autour d'une table de négociations. Les enfants gâteux et gâtés ne voudraient pas qu'on les prive de leur jeu favori et la Turquie réalise un rêve qu'elle poursuit depuis des siècles : remettre les pieds en Méditerranée occidentale. Ces Ottomans qui ont fait tant de mal à nos peuples sont les seuls peut-être à avoir un objectif national au milieu de ces pantins sans génie et sans gloire. N'oublions pas Gao, Tam, Ouargla, Tiguentourine... L'Algérie ne peut pas inverser la situation seulement par son idéalisme et ses bonnes intentions. A défaut de renvoyer militairement tous ces intrus — nous ne pouvons engager nos forces armées à l'étranger —, il faut taper sur la table et désigner les responsables du chaos par leurs noms ! C'est l'Algérie qu'ils mettent en péril en parquant des milliers de terroristes pas loin de nos frontières ! Il faut hausser le ton ! Va jouer loin, mon fils ! C'est le seul langage qu'ils comprennent. Parce que nous avons confié notre diplomatie à un homme incapable de prévoir les événements et d'évacuer à temps notre consulat de Gao, nous avons perdu de valeureux diplomates égorgés par les terroristes. Et parce que notre voix est restée faible et que nous n'avons pas réagi avec vigueur et détermination aux attaques des gendarmeries de Tam et Ouargla, nous avons indirectement contribué à faciliter le chemin de Tiguentourine aux assaillants venus de Libye. Leurs copains ne sont pas bien loin et les «renforts» venus de Syrie inquiètent. Je pense que nous sommes bien préparés militairement cette fois-ci. Mais il nous faut rappeler à ces faux frères les quatre vérités et, surtout, les avertir que tenter le diable leur coûterait très cher ! Une question à deux sous : quelle aurait été la réaction de n'importe quel pays si une armada de mercenaires et de terroristes s'implantait à quelques centaines de kilomètres de ses frontières ? Et je ne parle pas seulement des Etats-Unis... M. F.
