Sur la lancée des pourparlers engagés entre les deux leaders d'Opep+ pour allonger la durée de réduction de la production d'un total de 9,7 millions de barils par jour au-delà de la période mai-juin, le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a étalé jeudi un optimisme peut-être jamais ressenti depuis des mois sur le futur immédiat du marché du pétrole. Le ministre russe de l'Energie prévoit, en effet, une défection de trois à cinq millions de barils de pétrole sur le marché en juillet, a rapporté l'agence Ifax jeudi. Une pénurie qui, évidemment, a de quoi renforcer les prix déjà boostés du simple au double en quelques semaines du fait de la baisse de production volontaire sur laquelle se sont entendus les signataires de l'accord «historique» du 12 avril dernier. Toutefois, Alexandre Novak conditionne la pénurie à venir, entre 3 et 5 millions de barils donc, par l'issue de la réunion des pays producteurs qui devait se tenir durant la semaine qui s'annonce, mais qui a été finalement avancée à ce samedi, prenant de court une population d'analystes qui ne s'attendaient apparemment pas à voir Russes et Saoudiens se mettre dans de larges proportions sur une même longueur d'ondes. C'est en tous les cas une déclaration du ministre russe qui n'est pas tombée dans des oreilles sourdes ; le marché ayant vite réagi pour voir le prix du baril de Brent atteindre 41,70 dollars, hier après la mi-journée. Si l'on se réfère aux tout derniers chiffres, sortis après ceux révélés la semaine dernière par l'enquête de Reuters et ayant fait état d'une conformité de 74% à l'accord, les partenaires d'Opep+ ont respecté en mai à 89% la baisse de production sur laquelle ils s'étaient entendus, l'Irak, le deuxième plus grand producteur de l'Opep, n'ayant atteint que 42% de conformité. Sur la base de la production de mai, l'Opep a encore 1 million de barils à couper pour se conformer pleinement à l'accord en vigueur. Accord sur lequel s'articuleront les discussions lors de la visioconférence, avancée à ce samedi donc, comme l'avait souhaité l'Algérie en sa qualité de président de la Conférence de l'Opep, avec comme ordre du jour principal la prolongation au-delà de ce mois de la baisse de 9,7 millions de barils par jour. Un consensus paraît difficile à atteindre, selon de nombreux analystes, bien qu'il semble que la Russie et l'Arabie Saoudite soient parvenues à un accord stipulant la reconduction de l'accord jusqu'à fin juillet. Reste à convaincre des pays signataires de l'accord, comme l'Irak, l'Angola, le Nigeria et le Kazakhstan, de respecter les quotas attribués selon l'accord annoncé le 12 avril. Il s'agira en fait de faire en sorte que le marché atteigne l'équilibre ce mois-ci du moment que, entre autres raisons, le stockage de pétrole a ralenti et l'amélioration des chiffres de la demande. Azedine Maktour