Depuis le début de la mobilisation contre la pandémie, le corps médical dans la wilaya de Tlemcen a été confronté à une rude épreuve. En réalité, cette crise sanitaire a révélé au grand jour les insuffisances et les lacunes. La dernière marche organisée par les blouses blanches en direction de la Wilaya, en période de Covid, dénote un sentiment d'impuissance dont souffre le secteur. Tout le personnel a répondu, rappelons-le à l'appel, dès les premiers jours de l'alerte. Rencontré lors de la marche, un médecin nous a déclaré tout simplement: «Nous sommes dans une situation de crise qui risque d'empirer si des mesures ne sont pas prises pour aider les médecins, qui sont mobilisés à faire face au danger.» Il est vrai que tout le monde était un peu pris au dépourvu par cet état d'alerte à la pandémie. Les premières évacuations des cas recensés vers l'unité de Remchi ont contraint le Conseil scientifique à tirer la sonnette d'alarme sur les conditions de travail de l'équipe médicale. Selon certains spécialistes, les conditions de travail à Remchi étaient difficiles, eu égard au nombre de cas testés positifs et au manque de moyens. Dans cet établissement, on a dénombré quatre décès au cours de la première semaine et des guérisons d'autres patients complètement rétablis, ce qui est en soi une performance des médecins, notamment ceux qui n'ont pas déserté le champ de bataille pour la survie des patients. La nuit, les médecins étaient confrontés seuls aux patients, l'un d'eux nous révèle que le personnel du CHUT se sentait abandonné. Cependant, la décision de transférer les malades de Remchi vers les services de l'hôpital de Tlemcen n'a pas convaincu tout le monde. Pour les professionnels de la santé, cette décision représente un réel danger pour les autres malades, qui devaient libérer des lits. «Ceux qui souffrent de pathologies graves, telles que le cancer et l'insuffisance cardiaque, ne doivent pas faire les frais de cette pandémie.» Un spécialiste tient à rappeler la catastrophe vécue dans un hôpital de Roumanie, où il a fallu fermer cet établissement, et pour cause, tous les médecins, faute de protection, ont été contaminés. L'hébergement des médecins, l'une des principales revendications des médecins, a été satisfaite, des hôtels ont été mis à leur disposition pour la protection des membres de leurs familles , en cas de contamination dans l'exercice de leur fonction. On apprend, d'autre part, que la situation s'améliore et qu'elle le sera davantage si tout le monde s'y met, notamment en matière d'organisation. À propos d'engagement des uns et de comportement des autres, à la fin de cette crise, le corps médical dégagera un bilan pour imposer sa vision des choses. « La santé doit être confiée aux professionnels et non aux carriéristes. Le secteur de la santé ne doit plus être l'otage de... récupérations », notent-ils. La nomination récente d'un nouveau DSP sera-t-elle salutaire pour l'émergence de vrais cadres gestionnaires et de compétences médicales ? M. Zenasni
