Demain, les Algériens fêteront, à leur façon, l'anniversaire de leur indépendance. Chacun à sa manière, puisque la situation ne se prête pas à une célébration collective. L'an dernier, ils étaient dehors et marchaient ensemble en battant la mesure au son galvanisant de l'hymne national. Un air qui leur rappellera qui ils sont, tandis qu'ils mesureront, pour beaucoup, le chemin parcouru en 58 ans. L'atmosphère n'invite pas aux célébrations habituelles. De celles qui aimeraient réconforter et faire oublier, le temps d'une journée, que toutes les attentes n'ont pas été satisfaites et que toutes les promesses n'ont pas été tenues. Aujourd'hui, on en sait un peu plus sur les raisons qui ont empêché les idéaux de triompher et les rêves de mieux se construire. Beaucoup de celles et ceux qui se sont battus pour recouvrer leur droit d'évoluer librement dans une Algérie abondamment arrosée par le sang de ses enfants ne sont plus là pour en témoigner. Des hommes et des femmes qui ont sacrifié leur vie pour que triomphe leur pays et dont on se demande s'ils ne se retournent pas dans leurs tombes au vu de ce qui a compromis les certitudes et souillé les motivations essentielles de celles et ceux qui ont longtemps cru qu'elles et ils y arriveraient. Je pourrais avoir l'air de quelqu'un qui renonce et n'a plus aucun semblant d'optimisme. Qui appartient à cette catégorie d'Algériens qui ont abandonné tout espoir d'y parvenir ! Et pourtant ! Les déceptions peuvent être conséquentes, mais n'arrivent jamais à bout des belles convictions. Certes, le système n'a pas toujours été à la hauteur du peuple remarquable dont il serait bien avisé d'écouter les revendications. Depuis un peu plus d'une année s'est organisée une chasse à quelques-uns des corrompus qui ont saigné une nation promise à un bel avenir. Tout un pays qu'une poignée d'individus a choisi de priver de ses richesses. Comment ne pas se réjouir de ce qui arrive à cette mafia dont on ne compte plus les scandaleuses dérives ? Qui pourrait croire que les faits étaient méconnus d'une hiérarchie qui aurait bien, encore, fermé les yeux si le Hirak ne l'avait pas contrainte à faire le ménage dans ses rangs. M. B.