L'artiste plasticien algérien rêvait d'un espace culturel maghrébin et africain pour une meilleure compréhension de l'art. Il cite Kateb Yacine qui avait dit : «Le rôle de l'art est très important. Parce qu'il permet de trouver un langage pour exprimer tout ce qui est nouveau, tout ce qui n'est pas encore exprimé.» Il y a des artistes peintres méconnus, comme Mohamed Louail, parce que discrets ou vivant dans des villes de l'intérieur ou du Sahara. Et pourtant, leur talent est immense ! L'artiste plasticien, professeur et chercheur en matière d'art Ammar Allalouche, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Constantine, à l'âge de 81 ans, est certainement l'un d'eux. «Je suis proche de tous ceux qui militent en faveur d'un art nouveau, car pour moi, l'art nouveau c'est tout d'abord une optique et une vision de la modernité comme étant une tendance vers l'universalité. Mon art depuis plus d'une quarantaine d'années représente l'objectivation des manières d'enracinement de la figuration. Dans la conscience et la tradition ethnique et (éthique), surtout dans l'art populaire. Je suis toujours prêt à transformer le sujet (objet), considéré au profit de la peinture, en gardant pourtant l'intention d'intégrer à l'œuvre une pensée morale qui, si elle veut devenir active, demande une forme concrète et c'est la raison pour la laquelle je crée une alternance du figuratif et de l'abstrait lorsqu'il s'agirait du figuratif, et de l'abstrait lorsqu'il s'agirait de proposer une lecture à la portée d'un certain public averti. Un schème qui n'est que représentation intermédiaire entre le concept et les données de la perception», a écrit un jour Ammar Allalouche, dans ce qui pourra être considéré aujourd'hui comme son testament artistique. L'artiste plasticien rêvait également «d'un espace culturel maghrébin et africain pour une meilleure compréhension de l'art». «On parle de plus en plus de l'inexistence d'un marché de l'art dans les pays du Maghreb ? Ce marché de l'art, ce sont les artistes eux-mêmes qui le créent, le mettent en place par le travail et le sérieux. La tâche de constituer un marché de l'art au Maghreb et l'affaire des artistes et des galeristes chevronnés au premier degré. Il faut qu'on l'élargisse graduellement au monde arabe et à l'Occident. Un marché de l'art ne se crée pas par combine, par essence négatrice des valeurs. Tout cela implique l'émergence d'artistes novateurs qui partent de leur environnement. La prise de conscience de soi est une préparation à l'interpénétration fructueuse entre l'œuvre d'art et son exploitation dans le marché de l'art», a-t-il, notamment, dit dans sa conférence intitulée «Art et mémoire : le cas des arts plastiques au Maghreb», donnée le 11 octobre 2017 au Musée public national Cirta de Constantine. «Parler du Maghreb et de son art, il est vital de faire ressurgir l'histoire, la dépoussiérer et la faire connaître aux actuelles générations. L'urgence de presser les historiens, les chercheurs et hommes de culture à faire leur travail, d'une manière rationnelle et scientifique et pour s'employer à établir une généalogie qui, des temps immémoriaux à nos jours, donne au Maghreb son unité, sa cohérence et son identité», dira-t-il encore. Ammar Allalouche cite encore Kateb Yacine qui avait dit : «Le rôle de l'art est très important. Parce qu'il permet de trouver un langage pour exprimer tout ce qui est nouveau, tout ce qui n'est pas encore exprimé.» Né à El Milia, dans la wilaya de Jijel, en 1939, Ammar Allalouche avait effectué ses études artistiques à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger. Il a aussi enseigné durant plusieurs années à l'Ecole des beaux-arts de Constantine. Distingué à l'échelle nationale et internationale, Ammar Allalouche avait pris part à différentes expositions en Algérie et dans plusieurs pays. «Je suis comme ce poète militant qui, en évoquant la mort... c'est pour mieux faire accepter et assumer la vie, dans toute son ampleur, y compris la réalité de l'absurde», a encore écrit l'artiste plasticien. Kader B.